jeudi 27 mars 2008

Livres suicidés

« Je lis des vieux livres parce que les pages tournées de nombreuses fois et marquées par les doigts ont plus de poids pour les yeux, parce que chaque exemplaire d'un livre peut appartenir à plusieurs vies. Les livres devraient rester sans surveillance dans les endroits publics pour se déplacer avec les passants qui les emporteraient un moment avec eux, puis ils devraient mourir comme eux, usés par les malheurs, contaminés, noyés en tombant d'un pont avec les suicidés, fourrés dans un poêle l'hiver, déchirés par les enfants pour en faire des petits bateaux, bref ils devraient mourir n'importe comment sauf d'ennui et de propriété privée, condamnés à vie à l'étagère. »

Erri De Luca, Trois chevaux.

4 commentaires:

  1. Si tu veux des livres usés, tu n'as qu'à les prêter à Adeline !

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  2. Certes mais je ne crois pas que les livres soient ce qui se vole le plus...

    Il faudrait discuter de la chose avec un libraire...

    Néanmoins sur le fond je suis d'accord, les livres ne devraient pas avoir vocation à l'étagère à vie. Autant les mettre sous verre (ce que certains font).

    Cependant ce genre de sacrilège n'est jamais dirigé contre le livre (contrairement aux autodafés): ce ne sont que les artefacts de maniaqueries bien plus générales, qui touchent incidemment les oeuvres de l'esprit...

    Le plus triste n'est donc pas ce que pense Erri De Luca. Je n'ai aucun mérite à la savoir, la vie seule me l'a imposé (cela fera l'objet d'un billet un de ces jours d'ailleurs, mais j'ai besoin de prendre de la distance avec cet incident qui me touche trop).

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  3. bien vu De Luca, on ne pourrait mieux dire (ou encore l'écrire)..

    @ tangleding : concernant l'incident, vous voulez parler du décès prématuré de Thierry Gilardi ??

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  4. Yibus mon bon vous lisez en moi à livre ouvert! C'est troublant...

    (bon mes abr*tis de 3èmes que j'assignais à un débat oral pour cause d'effectif bien tronqué m'ont quand même proposé cette saleté de Gilardi, saleté de sujet s'entend. Pour le pauvre homme paix à son âme.

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La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.