samedi 22 mars 2008

Et le vin de ta vigne

« Siracide parle de lui-même avec sincérité comme du dernier venu en disant : "Quant à moi, le dernier, j'ai été celui qui grappille derrière les vendangeurs." Chacun de nous, quand il feuillette les Saintes Écritures, est le dernier venu de ses lecteurs ; chacun de nous passe entre les lignes comme entre les vignes déjà dépouillées, qui ne nous appartiennent pas, mais auxquelles nous sommes admis, car, en tant que derniers, nous sommes les plus pauvres. Et pourtant, un reste de sagesse est encore à portée de la main de qui parcourt attentivement les passages que les vendangeurs et les générations précédentes ont parcourus. Au dernier lecteur aussi, il est donné de trouver le fruit resté, afin de pouvoir ajouter sa note au bout du commentaire infini. Alors, nous pourrons nous rendre compte, avec l'étonnement qui fut celui de Siracide, que la récolte a été abondante et nous pourrons dire avec lui : "Comme le vendangeur, moi aussi qui suis un lent grappilleur, j'ai rempli la cuve." »

(Erri De Luca, Première heure.)

4 commentaires:

  1. (je n'ose plus complimenter vos extraits, j'ai peur de recevoir un livre par la poste... (smiley ! smiley !) )

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  2. M. Balmeyer : 6 € en Rivages poche, ça ne vaudrait même pas le coup que je l'expédie...

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  3. Un texte de haute et de belle spiritualité...
    Nous sommes tous des grappilleurs effectivement et notre malheur est que nous n'avons plus désormais peur du vigneron (qui ne nous connaît pas plus que nous d'ailleurs) et que nous confondons l'ivresse, le vin, le raisin, la vigne, l'alcotest et le flacon.

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  4. C'est une belle lecture vraiment... Dois-je le dire cela m'a fait regretter une provocation stupide à l'égard d'un absent au sujet de la Bible justement... Il y a fort longtemps...

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La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.