samedi 25 décembre 2010

Selon que vous serez pédé ou catholique...


Il y a quelques jours, on s'est bruyamment réjoui çà et là de ce que les États-Unis venaient d'abandonner la doctrine du Don't ask, don't tell ; les homosexuels de chez nous par réflexe corporatiste, suppose-t-on, et Modernœud à leur suite, parce qu'il est dans sa nature de s'esbaudir dès qu'il croit renifler une avancée sociétale – tout cela non sans écrire quelques approximations et sottises au passage, tel l'ami Corto pour qui « Cette loi autorisait l'armée à virer manu militari tout militaire dont l'homosexualité viendrait à être découverte ». Non : l'armée américaine a évidemment toujours eu ce pouvoir de renvoyer de ses rangs les homosexuels qu'elle y découvrait, pour la simple raison qu'ils y étaient interdits. La nouvelle règle de 1993, voulue par Bill Clinton, était en réalité une atténuation, un “moins discriminant”, puisqu'elle autorisait de facto les homosexuels à intégrer l'armée américaine. Il suffisait pour cela que les recruteurs cessent de s'intéresser à leur orientation sexuelle (Don't ask) et que les recrues de leur côté de fassent pas étalage de leurs pratiques (Don't tell). Ni ne s'enculent sur la place d'Armes pendant la montée des couleurs.

Cette obligation de réserve n'a jamais été acceptée par les homosexuels américains, ce qu'on peut parfaitement comprendre, et ils l'ont fait bruyamment savoir. À peine moins bruyants mais avec des raisons moins évidentes de s'indigner, n'ayant aucune chance d'intégrer l'armée américaine, les homos européens ont ajouté leurs voix au concert, inévitablement rejoints pour finir par l'arrière-ban des modernœuds, lesquels n'ont jamais besoin de raison particulière pour brailler dans le sens du vent. Et l'infamant D.A.D.T. a finalement été aboli, les militaires gays américains n'auront plus à cacher leurs tendances pour pouvoir torturer de l'Irakien rétif, les voilà débarrassés de cet humiliant silence qu'on leur imposait, de cette obligation de descendre aux catacombes pour pratiquer leur culte.

Pendant ce temps, on va répétant chez les laïcards – notamment à propos de quelques dizaines de culs levés sur le macadam de la rue Myrha – que la religion doit rester une affaire strictement privée, qu'elle ne saurait en aucun cas se donner à voir dans l'espace public, et encore moins y prosélyter bien entendu – bref, que les croyants ont le droit d'exister, qu'ils ne seront pas persécutés (enfin, pas chez nous en tout cas...) en raison de leur foi, mais que s'il ne veulent pas tâter du gourdin ils feraient mieux de rejoindre les catacombes que les pédés galonnés du Middle West viennent tout juste de laisser vacantes. Et c'est ainsi que les religieux sont sommés de se contenter – transparence et mutisme – de ce qui était jusqu'à hier considéré comme odieusement humiliant par les homosexuels, et dont ils se sont à juste titre désassujettis.

En ce qui concerne la religion, du reste, le don't ask est chez nous en vigueur depuis plus d'un siècle – à l'exception de l'Alsace concordataire, que les laïcoïdes aimeraient bien ramener sous le joug commun aussi vite que possible. Mais pour le don't tell, c'est beaucoup plus récent. Et il est assez piquant de constater que l'injonction s'adresse principalement à ceux-là qui se taisent déjà, et non à ceux-ci qui brandissent, à tout bout de discours et de tribunes, leur croyance comme un fer à empaler.

21 commentaires:

  1. Les religions mises au niveau de rien de plus qu'un comportement humain marginal!

    Ça décoiffe.

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  2. En vertu de cette logique, un pédé catholique qui sortirait totalement du bois aurait, pour lui, tort à demi, lui-même à demi-raison.
    C'est dingue.

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  3. Mon Cher Didier,
    Ceci, en ce saint jour de Noêl est un coup bas !
    Je n'ai jamais fait d'approximations ni émis de sottises, j'ai juste fait raccourci !
    Je reviendrai demain vous crucifier ici-même ( là je suis trop naze )

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  4. Corto : le "sottises" ne vous était pas destiné. En revanche, "approximations" oui ! Et n'espérez pas vous en tirer avec votre "raccourci" qui ne vous mènera nulle part !

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  5. J'ai du mal à comprendre le lien entre la fin du dont ask dont tell et les prières de rue. D'un côté la fin d'une loi idiote en ce qu'elle privait sans bonne raison l'armée américaine de soldats, de l'autre, une occupation illégale du domaine public.

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  6. Paul : les prières de rue ne sont mentionnées que parce que ce sont elles, tout récemment, qui ont réveillé les laïcards. Mais peut-être brouillent-elles un peu la réception, en effet.

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  7. Oui mais quel rapport avec l'homosexualité ? Ce n'est pas une religion...
    Si on met les deux sur le même plan, l'équivalent de la loi américaine DADT serait d'interdire de révéler sa religion, et inversement, de la demander à quelqu'un.
    Aussi fanatiques soient les "laïcards", je ne les imagine pas envisager ce genre de méthodes pour faire sortir la religion de l'espace public...

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  8. J'ai aussi un peu de mal à suivre la comparaison...

    Quant au fait que les homosexuels européens s'en réjouissent, bah, vous savez bien que les femmes européennes se réjouiraient d'un progrès féministe en Arabie saoudite ou je ne sais où, que les athées ou chrétiens se réjouiraient d'un progrès pour les athées ou chrétiens en Orient, etc... C'est bien naturel.

    Une fois tout cela dit, joyeux Noël, en retard.

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  9. Mal à suivre, également, la logique ultime du billet.

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  10. Je viens de relire ce billet, en essayant de le faire d'un œil neuf et bien éveillé, et je le trouve tout à fait clair. Mais, apparemment, je suis le seul. Curieux... Je devrais peut-être me remettre à boire et à fumer...

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  11. Mais, apparemment, je suis le seul. Curieux...

    Mais si, mais si, cher Didier, c'est tout à fait clair: dans ce monde laïcisé on peut fièrement afficher ses orientations sexuelles les plus extravagantes mais s'affirmer catho ou autre c'est tout simplement indécent.

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  12. Il me semble, oui. Mais je ne suis plus sûr de rien...

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  13. Je viens juste de lire le billet d'un "laïcard" fanatique (pas de lien, je ne tiens pas à en faire la publicité).
    Nous autres, nous aimons bien les Droits de l'homme, à condition que cet homme, ce soit moi, ma religion ou mon absence de religion, ma culture, mon mode de vie, mes opinions.
    Je me suis longtemps demandé pourquoi mère Thérésa avait refusé de signer une pétition qui me paraissait honorable, contre je ne sais plus quoi.

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  14. "Je devrais peut-être me remettre à boire et à fumer..."
    Vous ne fumez plus non plus?
    Sous peu ça va être la Trappe.

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  15. Didier faites quelque chose: allumez un clope, buvez un canon, mais pondez nous un billet quoi merde !

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  16. ...J'allais le dire... Geargies

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  17. C'est limpide votre billet.

    Demander à quelqu'un de n'être ce qu'il est que dans le cadre de la "sphère privée", cela s'appelle de l'assignation à résidence.

    On distingue une échelle de jugement, appelons-là, échelle de l'ennemi de la démocratie.

    Sur l'échelle de l'ennemi de la démocratie sont répréhensibles pénalement : les propos racistes, antisémites, négationnistes, révisionnistes et...homophobes. Les propos anti-religieux sont tout à fait tolérés et non réprimés.

    Ensuite vient l'identité religieuse à qui l'on recommande de se planquer, de se taire, de se renier.

    Puis tout le reste : parfaitement libre...

    C'est beau l'égalité, la liberté et la fraternité...

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  18. Bon ! pour rejoindre mon billet d'aujourd'hui, je me suis vraiment demandé si le sevrage tabagique ne me conduisait pas à écrire des choses compréhensibles par moi seul…

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  19. Bof, c'est juste un char de la Gay Pride de Tel-Aviv prêté par Tsahal.
    Vous voulez le lien vidéo?

    Sébastien

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La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.