mercredi 29 février 2012

Jean Dujardin nous a gâché l'enthousiasme, ce salaud !

Depuis deux jours, j'avais comme une impression bizarre. Après l'obtention de l'Oscar par Jean Dujardin, je m'attendais à des débordements d'enthousiasme, des explosions de triomphe, ou au moins à l'expression d'une légitime satisfaction. Et puis non, rien. Ou pas grand-chose, en tous cas dans la blogosphère. C'est pratiquement comme s'il ne s'était rien passé. Je sais que mes amis gaucho-progressistes ont déjà, de ce silence, leur bonne raison toute fourbie : ils ont mieux à faire, des questions autrement importantes à examiner, un nabot à virer, un chamallow à élire, etc. Oui, oui, je sais bien ; mais non. Il y avait autre chose, je le sentais ; il fallait chercher ailleurs la cause de cette étrange retenue, de ces détournements de regards s'efforçant au naturel. Finalement, à force de réfléchir, j'ai trouvé, évidemment (sinon, je ne serais pas occupé à écrire ce billet).

C'est Dujardin, le problème. Un type qui a commencé à la télévision, donc à la solde des iniques abrutisseurs de peuples qui, dans l'ombre, tirent les ficelles de la grande décervelance mondiale. Un garçon qui a la tête d'un Français d'ancienne conception, avec un petit quelque chose – ô la méchante circonstance aggravante ! – d'américain dans la décontraction élégante : un zeste de Cary Grant, si j'ose. Et le malheureux, alourdi par les handicaps que je viens de dire, pousse la provocation jusqu'à s'appeler Dujardin. Du-jar-din. Et pourquoi pas Dubois, à tant faire ? Ou Perrochon ? N'hésitons pas à le dire : il nous a gâté le cocorico, l'animal, avec sa desoucherie en bandoulière ! Et l'on se prend à soupirer ses regrets, quand on songe aux sanglots de fierté reconnaissante qui, par chez nous, auraient accompagné l'annonce de l'Oscar remporté par un Jamel ou un Omar. 

Non parce que, vraiment, n'est-ce pas, Dujardin…

mardi 28 février 2012

Fuck off, la bissextile year !


L'année 2012 a beau être, en plus d'électorale, stupidement bissextile, le journal de janvier paraît tout de même le 28 février, comme à l'ordinaire. C'est vrai, quoi, merde…

lundi 27 février 2012

Maître Dedalus, belle âme au carré, contre les moins-gagnants

John William Waterhouse, Écho et Narcisse.

Être de gauche, c'est se fabriquer une belle âme à petits frais ; le progressisme dans le miroir. Mais cela ne suffit plus à certains : comme des junkies de la vieille école, ils se voient contraints d'augmenter les doses pour ressentir les bienfaits habituels. Ainsi fait, fait, fait Maître Dedalus, sinistro-blogueur labellisé. Dans son dernier billet, ce bon garçon commence par s'étonner que les moins gagnant de nos concitoyens puissent encore envisager de voter pour Nicolas Sarkozy, alors que c'est contraire à leurs intérêts. Les moins-gagnants sont des cons : ils ne savent même pas où sont leurs intérêts. Maître Dedalus, lui, le sait, bien entendu (il est de gauche, rappelons-le), mais les moins-gagnants, décidément bien désagréables, refusent de se laisser guider par lui – salauds de pauvres. De toute façon, c'est sans importance car le vrai sujet de son intervention n'arrive qu'ensuite, au moyen de cette habile et discrète “cheville” (c'est moi qui souligne) :

« Je ne parviens pas à comprendre que vous ne vous soyez toujours pas rendu compte qu'il y va de vos propres intérêts que la droite se retrouve enfin éjectée du pouvoir. Et ce à peu près autant qu'il y va de mes propres intérêts qu'elle y demeure. »

La suite du billet vise à deux objectifs, l'un conscient, l'autre pas : le premier est de persuader les moins-gagnants que Sarkozy n'a fait qu'avantager les plus-gagnants dont Maître Dedalus fait partie ; le second est de détailler minutieusement et complaisamment toutes les richesses, immobilières, salariales et autres, dont il jouit avec sa petite famille. Si bien qu'il gagne sur deux tableaux a priori incompatibles : non seulement il parvient à susciter l'envie chez les moins-gagnants, à polariser leurs désirs sur sa personne, mais en outre, il porte sa belle âme à incandescence, il met son altruisme au carré, puisque, nanti, il va héroïquement continuer de voter pour cette gauche qui s'apprête à le tonsurer, au nom de l'intérêt général et du bien-être des plus démunis.

L'exercice manque en partie sa cible, simplement parce que sa satisfaction d'être ce qu'il est, à ce point admirable, a tendance à suinter un peu aux jointures du billet. Du reste, les brûlures de cornée n'étant pas sans conséquences fâcheuses, on espère pour Maître Dedalus qu'il avait pris la précaution de chausser ses lunettes noires avant de l'écrire, tant il semble ébloui de lui-même.

dimanche 26 février 2012

Les deux compagnons de l'as de pique


Dans La Structure des révolutions scientifiques, l'historien des sciences Thomas Kuhn relate une fort intéressante expérience de psychologie, réalisée il y a plus de soixante ans par Bruner et Postman. Elle consistait à faire identifier à leurs différents sujets une série de cartes à jouer, au cours de présentations plus ou moins brèves. La plupart des cartes étaient celles que tout le monde connaît, mais, dans le tas, ils en avaient glissé quelques-unes anormales ; par exemple un cinq de pique rouge ou un huit de cœur noir. Les cartes étaient montrées une à une, plus ou moins rapidement et en nombres plus ou moins importants.

Les premières présentations, assez courtes, permirent à tous les sujets d'identifier les cartes, mais d'une manière bizarre : les cartes normales étaient nommées pour ce qu'elles étaient, alors que les anormales n'étaient pas perçues ni identifiées comme telles. C'est-à-dire qu'en face d'un quatre de pique rouge, par exemple, le sujet affirmait qu'on lui avait avait montré soit un quatre de pique, soit un quatre de cœur, mais sans rien repérer de choquant ou simplement d'inhabituel. En clair : le cobaye avait vu ce que la logique et l'habitude lui commandaient de voir et rien d'autre.

Les choses commencent à se détraquer lorsque les deux psychologues augmentent un peu le temps de présentation de chaque carte. Là, certains se mettent à hésiter, montrant qu'ils pressentent une certaine étrangeté. La vérité affleure mais peine à apparaître : pour justifier leur hésitation, certains sujets vont par exemple dire, face à un six de pique rouge, qu'il s'agit d'un six de pique, mais qu'il y a un liseré rouge autour du noir.

Ensuite, lorsque les psychologues augmentent encore le temps d'exposition, les hésitations se muent, chez la plupart des participants, en une véritable confusion – laquelle finit par se résoudre, en général de manière brutale : soudain, sans que rien ne l'ait laissé prévoir, ils mettent le doigt sur l'anomalie et deviennent aussitôt capable de nommer exactement les cartes qu'ils voient, anormales ou normales : la réalité de ce qu'ils voient vient de prendre le pas sur l'idée qu'ils se faisaient de cette réalité.

Cependant, il reste un certain nombre de réfractaires qui, même avec un temps d'exposition quarante fois supérieur à celui nécessaire pour identifier une carte normale, restent incapables de repérer les anomalies. Chez ceux-là, la confusion précédente peut alors déboucher sur une véritable détresse personnelle, une déroute totale. L'un des sujets en est arrivé à s'exclamer : « Je ne peux pas reconnaître le genre de carte, quel qu'il soit. Cela ne ressemblait même plus à une carte, cette fois-ci ! Je ne sais pas de quelle couleur elle est, ni si c'est un pique ou un cœur. Je ne sais même plus à quoi ressemble un pique ! Oh, mon Dieu… »

Si Kuhn relate cette expérience, c'est parce qu'elle lui permet de mieux faire comprendre les résistances opposées par les savants lorsqu'il s'agit d'abandonner leur paradigme ancien au profit du nouveau qui est en train de le remplacer. Ou encore leur capacité à ne même pas repérer, dans leurs expériences, les anomalies qui devraient mettre en danger le paradigme actuellement en vigueur dans leur spécialité, et tout-puissant.

Mais il m'a semblé qu'il n'était pas impossible d'appliquer à d'autres domaines, moins scientifiques, cette obstination que mettent certains d'entre nous – et peut-être nous-mêmes d'ailleurs – à ne jamais repérer les cœurs noirs ni les piques rouges ; et à tenir au minimum pour daltoniens ceux qui pensent les avoir identifiés.

samedi 25 février 2012

Ah, que nous vienne le dernier des juste !

C'est la nouvelle scie, et elle se répand comme le feu sur une traînée de poudre – car, oui, dans le langage, une scie a le pouvoir de se répandre, en plus de tronçonner le réel. Elle consiste en un tout petit mot : juste. Qui n'est pourtant pas le mot juste, allez comprendre. 

L'autre soir, lors de sa poussive prestation sur France 2, Marine Le Pen l'a employé une grosse douzaine de fois, ce vocable intempestif : « C'est juste insupportable… », « C'est juste révoltant… », etc. En quoi la présidente du Front national n'a fait que se mettre à la remorque  de la blogosphère, où le juste est partout et la vérité nulle part. On avait déjà le “c'est vrai que”, dûment pointé par d'autres et mieux que je ne saurais le faire, utilisé à tout commencement de phrase, surtout lorsqu'il s'agit de se lancer dans des affirmations hasardeuses dont la véracité est rien moins qu'établie. Nous voici donc englués dans le juste, dont on ne sait s'il a partie liée avec la justesse ou avec la justice – probablement avec aucune de ces deux notions. À moins qu'il ne renvoie à une insuffisance avouée, ou au précipice au bord duquel on se trouve, dos au vide ; mais alors il manque un tout à ce juste : Je sais tout juste écrire.

Il reste que lorsqu'on lit – et c'est désormais tous les jours – quelque chose comme : « La situation est juste intolérable », on se demande par quel facteur aggravant la dite situation pourrait passer au-delà de l'intolérable. Ou alors, il faut chercher la solution du côté des électeurs de gauche, eux qui s'apprêtent à voter pour François Hollande, parce que Nicolas Sarkozy est juste catastrophique.

Pour tous les autres, qu'ils prennent donc leur mal en patience : le dernier des juste finira bien par advenir. Ce sera juste interminable.

vendredi 24 février 2012

Picasso l'a-t-i dit ou l'a-t-i point dit ?


La réplique est célèbre, mais il faut bien la rappeler. Durant l'Occupation, une poignée d'officiers allemands rendent visite à Picasso, dans son atelier de la rue des Grands-Augustins. Désignant Guernica dans un coin, l'un d'eux demande au peintre : « C'est vous qui avez fait cela ? » Alors, Picasso : « Non, c'est vous… »

Répartie flamboyante, bien sûr, à condition qu'elle ait été réellement prononcée. Anne Sinclair, dans un tout récent livre consacré à sa famille – 21 rue La Boétie, Grasset – la tient presque certainement pour apocryphe, se basant sur un récit fait souvent par son grand-père, le marchand d'art Paul Rosenberg, puis par sa mère. Elle écrit :

« Mon grand-père et ma mère lui rendirent visite à la Libération dans ce même atelier. Alors qu'ils le félicitaient pour ces propos courageux (…), Picasso répondit, légèrement embarrassé : “ Oui, j'ai dû dire quelque chose comme cela. Eh bien, disons que je l'ai dit ”… »

Bref, c'est comme le reste : on ne saura jamais. Quoi qu'il en soit, si non è vero et tout le bazar, quand même.

jeudi 23 février 2012

Les quat'z'arts avaient fait les choses comme il faut

Qui pourrait me dire ce qui m'a pris ? De passer ces deux heures où j'étais seul, hier soir, à écouter Brassens, alors que je suis le premier à dire que Brassens m'emmerde un peu, depuis une paire de décennies ? Et pourquoi ne m'a-t-il pas emmerdé durant ces deux heures ? Et pourquoi les vingt années dont je viens de parler n'ont-elles compté pour rien durant deux heures ?

Je le sais plus ou moins, Brassens n'y est pour rien ou pas grand-chose. Les chansons sont remontées à la surface, et avec elles mon âge où je les braillais à tue-tête sur ma Mobylette, dans les rues de Châteaudun – c'était possible, mes jeunes amis, car on ne portait pas de casque, alors : on s'entendait chanter ; on mobylettait les cheveux au vent, je vous jure. 

[Je vous parle d'un deux-roues qui s'appelait réellement Mobylette, c'était la marque, il y avait des concessionnaires dans toutes les mini-villes de France, des types à mégot au coin des lèvres, qui parfois avaient passé depuis vingt ans l'âge de la retraite et qui vous réparaient votre machin dans des arrières-fonds de garage aussi crasseux que capharnaümesques – et ils vous disaient : « Eh bien… dans une semaine ? » Et vous, adolescent pressé : « Oh, s'il vous plaît, non, Monsieur (on appelait les hommes “monsieur”, à cette époque dont je vous parle, malgré nos cheveux longs et nos miroitements révolutionnaires…), j'en ai besoin, là, maintenant, enfin presque… » Et le vieux machin vous disait qu'il allait faire son possible, et malgré votre très jeune âge et votre impatience vous compreniez très bien qu'il ferait à sa tête et que vous ne pouviez rien contre lui.]

Bref, bien que jeune, je comprenais ce que j'écoutais – ou alors je devinais ce que j'allais y comprendre un jour. Par exemple, cette chanson des années 64 ou 65, qui s'appelle les quat'z'arts. À 16 ou 17 ans, je savais déjà qu'elle me parlait de la mort de mon père – je jure que je le savais. Cette guitare et cette contrebasse qui sonnaient comme un glas, je les entendais, alors que je ne croyais pas sérieusement que qui que ce soit pouvait mourir, dans ma vie proche, ma vie réelle de cette époque – et surtout pas mon père, tiens, malin ! Elle était drôle, cette chanson ; drôle et plus effrayante que n'importe quel film gore qu'il vous sera jamais donné de voir.

Plus de marche funèbre au son des mirlitons

Je pressentais – comment dire ? C'est ça : je pressentais. Notamment, je pressentais, en écoutant Brassens (presque en boucle, à cette époque), qu'il allait m'arriver des trucs pas forcément drôles. Parce que, même dans ma jeunesse de chevelu gauchiste, de Rrum avant la lettre, et avant la vieillesse, si je puis dire, j'avais bien compris que Brassens n'était pas tout à fait ce que l'on disait de lui. Anticlérical ? Évidemment ! Athée ? Antireligieux ? Il fallait vraiment manquer d'oreille et d'entendement pour le croire. J'ai huit ou dix titres de chansons à votre disposition pour vous prouver le contraire.

Ah oui parce que, bien que ne l'écoutant plus, ou presque plus, j'ai encore une bonne centaine de chansons de ce vieux réactionnaire en tête : on ne peut pas me piéger, à son sujet !  Réactionnaire n'est qu'un mot, évidemment. On va me dire que j'annexe les morts. Essayez : reprenez “tout Brassens”, vous verrez à quel point il vous vomit, modernœuds de mon cœur.

Enfin, non, peut-être que vous ne verrez rien, après tout. – Écoutez donc ce que vous voulez.

On m'a transmis ça…


mercredi 22 février 2012

Peut-on rajeunir de la vessie ? (Billet powétique)

Vers ma quarantième année, peut-être même un peu avant, j'ai commencé à devoir me lever au mitan de la nuit pour aller pisser. Une fois par semaine ; puis trois ; et cinq – enfin tous les jours.

Cette période me parut bénie des dieux assez vite, précisément lorsque j'abordai celle où deux levers devinrent nécessaires. D'abord une fois par semaine ; puis trois ; puis…

Quand, une nuit que j'étais à me morfondre, il me fallut visiter par trois fois la salle de bain, je me dis que si les choses se présentaient ainsi à quarante ans, l'énurésie devait d'ores et déjà être en ligne de mire. – Ces nuits ponctuées durèrent environ quatre ou cinq ans, je ne sais plus exactement.

Vint ce jour où je constatai au petit matin ne m'être dérangé qu'une fois : je fis donner un Te Deum. La chose se répéta, se réitéra, enfin se généralisa. Ensuite, les réveils s'espacèrent, et s'espacèrent tellement que, depuis maintenant sept ou huit ans, je ne me lève plus jamais la nuit – ou alors pour tout autre chose, par exemple ouvrir la porte à ce connard de chat qui est resté dehors et qui miaule sous la fenêtre de la chambre.

D'où ma question titrière : peut-on, sans intervention humaine, ni sans doute divine, rajeunir spontanément de la vessie ? J'attends l'oracle de Messire Pluton, de pied ferme et la bite bien en main.

Cependant, pour ce qui concerne la plupart de mes autres organes, la sénescence suit son cours impertubablement.

La caillera et le modernœud à travers les âges


« Que, répondis-je, le père s'habitue à devoir traiter son fils d'égal à égal et à craindre ses enfants, le fils s'égale à son père, n'a plus honte de rien et ne craint plus ses parents, parce qu'il veut être libre ; le métèque s'égale au citoyen et le citoyen au métèque, et la même chose pour l'étranger.
C'est bien ce qui se passe, dit-il.
À tout cela, dis-je, s'ajoutent encore ces petits inconvénients : le professeur, dans un tel cas, craint ses élèves et les flatte, les élèves n'ont cure de leurs professeurs, pas plus que de tous ceux qui s'occupent d'eux ; et, pour tout dire, les jeunes imitent les anciens et s'opposent violemment à eux en paroles et en actes, tandis que les anciens, s'abaissant au niveau des jeunes, se gavent de bouffonneries et de plaisanteries, imitant les jeunes pour ne pas paraître désagréables et despotiques. »

Platon, La République 562-563


(Merci à Marcel Meyer pour la citation…)

mardi 21 février 2012

Le parti de l'In-nocence est-il 100% halal ?

Communiqué n° 1349, lundi 20 février 2012
Sur la dite “viande halal”

Le parti de l’In-nnocence sait gré Mme Marine Le Pen d’avoir profité de l’accès dont elle dispose auprès des médias pour faire affleurer enfin dans le débat public le triple scandale de la dite “viande halal” : scandale eu égard à l’extrême cruauté du traitement infligé aux animaux tués selon les prescriptions rituelles de l’islam ; scandale du fait du secret maintenu autour du phénomène, de sorte que des millions de Français mangent régulièrement sans le savoir, et certainement sans le vouloir, de la viande halal ; scandale enfin et surtout parce qu’il y a là un emblème saisissant de la colonisation en cours, de l'imposition tantôt violente tantôt insidieuse d'une civilisation étrangère se substituant à celle de notre pays, de l’entrée d’une religion dans les mœurs et dans les corps avant qu’elle s’impose tout à fait dans les esprits.

Le parti de l’In-nocence est pour sa part favorable à l'interdiction pure et simple de l'abattage rituel, selon le modèle suisse. Il rappelle que le concept de “terre d’islam” étant parfaitement familier à la civilisation islamique, il est impérieux et urgent de rappeler et proclamer, par tous les moyens restant disponibles dans le climat actuel de complaisance extrême au processus de conquête, que l’Europe et la France sont des non-terres d’islam, à défaut d’être des terres de non-islam.


Personnellement, je conseille le porc élevé en liberté, ça évite d'avoir à se poser des questions pénibles. Et puis dans le cochon tout est bon – y compris les répulsions irraisonnées qu'il peut susciter çà ou là.

Gaffe au cholestérol quand même…

lundi 20 février 2012

Quand le jour se lève sur Singh Singh…


Simon Singh est docteur en physique nucléaire. Il est aussi l'auteur, chez Jean-Claude Lattès, d'une Histoire des codes secrets absolument passionnante. J'avais envie de relire le dernier chapitre, dans lequel l'auteur donne quelques pistes pour envisager l'avenir du codage/décodage, ce couple de frères ennemis depuis deux mille ans, en abordant le sujet de l'ordinateur quantique. J'ai donc repris le livre ce matin et, finalement, me suis remis à le lire da capo : il reste aussi excitant qu'à la première lecture, que j'en avais faite il y a une bonne dizaine d'années, au départ en vue de l'écriture d'un Brigade mondaine.

Simon Singh est également une manière d'andouille. À la page 46 de son ouvrage, sous le titre La Renaissance de l'Occident, il écrit ceci : 

« Entre 800 et 1200, alors que les Arabes connaissaient une période de brillante réussite intellectuelle, l'Europe restait plongée dans les ténèbres. »

Si l'un d'entre vous avait l'occasion de croiser un jour prochain M. Simon Singh, aurait-il l'amabilité de lui rappeler que c'est durant ces quatre siècles que Charlemagne a reconstitué l'empire romain d'Occident – de manière éphémère, certes… –, qu'apparurent les œuvres de Chrétien de Troyes et le Roman de la rose, la poésie des troubadours, la Chanson de Roland, l'art roman, le Mont Saint-Michel, et que commencèrent de s'élever un peu partout les plus grandes et splendides cathédrales gothiques ? Sans même parler de cette fabuleuse épopée que furent les premières croisades, bien entendu, ni du lancement de la reconquête de l'Espagne sur ses envahisseurs des sables : inutile de se lancer dans des polémiques stériles.

Cependant, malgré ce trait de sottise idéologique, ou de simple ignorance, il reste que le livre de M. Singh est en tous points recommandable aux esprits curieux.


P.S. : le titre de ce billet est dédié à mes amis Rrums, suite au petit échange que nous avons eu hier chez eux

samedi 18 février 2012

Les darwinners ont la lose


La semaine dernière, dans un trop court billet consacré au livre de Trinh Xuan Thuan, La Mélodie secrète, je faisais une allusion rapide à ceux que j'appelais les darwiniens intégristes, c'est-à-dire les descendants des savants qui, au XIXe siècle et dans la première moitié du XXe, ont transformé la théorie de l'évolution des espèces en dogme intangible, proclamé blasphématoire toute remise en cause de leur bible, et surtout accompli le tour de force de faire passer auprès des journalistes et des professeurs du secondaire tout savant un tant soit peu critique pour un illuminé créationniste, victime de son obscurantisme religieux.

Or il semble bien que de plus en plus de biochimistes, généticiens, paléontologues, zoologistes, etc., et non des moindres, n'hésitent plus à contester la pertinence des thèses darwiniennes, au moins en ce qui concerne la macro-évolution, en particulier parce que, malgré le fantastique essor de la paléontologie tout au long du XXe siècle, personne n'a été capable de découvrir les fossiles de tous ces fameux “chaînons manquants”, ou espèces intermédiaires, absolument nécessaires à la théorie de Charles Darwin, ainsi que ce dernier l'affirmait lui-même. À son époque, il lui fut encore assez facile de se débarrasser de ses contradicteurs – lesquels, déjà, n'étaient pas tous guidés, fort loin de là, par leurs présupposés religieux – en affirmant que la recherche de fossiles n'en était qu'à ses balbutiements et que, par conséquent, ceux des espèces intermédiaires restaient à découvrir, et le seraient immanquablement. Il n'en a rien été.

Les “hérétiques” d'aujourd'hui ont encore bien d'autres arguments à faire valoir pour s'attaquer à la forteresse, ou en tout cas beaucoup de doutes à émettre, que je ne me ressens pas de développer ici et maintenant – d'abord parce que c'est assez compliqué à rendre simple, ensuite parce qu'on est tout de même en week-end. Enfin et surtout parce qu'il existe un auteur, Michael Denton, biochimiste et généticien de son état, qui brosse fort bien le panorama, dans un livre très accessible et peu onéreux : Évolution, une théorie en crise, auquel on se reportera si l'on s'intéresse à ces questions.

Le piquant de l'affaire est que, sous des formes évidemment très différentes, à un autre tour de la spirale du sens, de plus en plus de savants actuels en viennent à se rapprocher des positions qui étaient celles des typologistes pré-darwiniens, le grand Cuvier en tête. Pour terminer, un petit extrait du livre de Denton (p. 160) :

« Il est vrai que la ressemblance homologue*  authentique – lorsque le phénomène a une base génétique et embryologique établie sans ambiguïté –, tout comme la structure hiérarchique des relations de classe, suggèrent une certaine théorie de la descendance. Mais elle ne nous indiquent rien sur la manière dont ont pu se dérouler la descendance ou l'évolution, à savoir : le processus a-t-il été graduel ou soudain ; ou encore : le mécanisme causal a-t-il été darwinien, lamarckien, vitaliste ou même créationniste. Une telle théorie de la descendance est donc dépourvue de toute signification profonde et compatible avec n'importe quelle philosophie de la nature.. En dernière analyse, les faits de l'anatomie comparée n'apportent aucune preuve en faveur de l'évolution dans le sens où Darwin la concevait. »


* Les ressemblances dites homologues concernent les organes ou les structures semblables qui ont été modifiées pour servir à des fins totalement dissemblables. L'exemple le plus parlant de ressemblance homologue est la similitude de l'anatomie des membres antérieurs des vertébrés terrestres : celui d'un homme, d'un dauphin ou d'un oiseau présentent des structures semblables, alors que l'un sert à marcher, le deuxième à nager et le troisième à voler.

vendredi 17 février 2012

En descendant la rue Isambard…


Comme l'attente fut un peu plus longue qu'il ne l'avait pensé tout d'abord, c'est à la pharmacie que nous rejoignons notre passant pacéen, où il se trouve pour un renouvellement d'ordonnance. Sur le comptoir est scotchée une petite annonce, par laquelle la pharmacienne, Caroline C. nous prie de bien vouloir ne pas lui tenir rigueur de tous les cafouillages éventuels faisant suite à leur changement de logiciel. À la fin de son petit mot, elle nous remercie de notre compréhension et signe : Caroline C. et toute son équipe officinale.

Et nous voilà de nouveau dans la rue Isambard. Notre passant pacéen s'arrête un moment devant la vitrine de la maison de la presse. Y est exposé un livre d'entretiens de Frédéric Lenoir avec Marie Drucker, sobrement intitulé Dieu. Le passant se croit soudain, sans que rien l'ait préparé à cela, tenu de penser que Marie Drucker pourrait donc avoir des choses à dire sur Dieu, peut-être même des informations à nous délivrer à son sujet, voire des révélations à faire. Il s'en trouve quelque peu perturbé, mais continue vaillamment son chemin.

Un peu plus loin, sur la porte du café qui retransmet à longueur de journée des courses de chevaux sur un écran gigantesque et fort bruyant, une affiche émanant des pouvoirs municipaux invite les Pacéens à retirer le disque qui leur permettra de stationner sur la nouvelle zone bleue, et à le faire en mairie. Le passant se demande par quel tour de passe-passe syntactique on se rend désormais en mairie alors que, visiblement, d'après la même affiche, on continue d'aller à la gendarmerie.

Puis il remonte dans sa voiture, stationnée en parking, afin de rentrer en maison.

mercredi 15 février 2012

Vous demandez qui ? La vérité ? C'est pas ici !


Ils n'ont vraiment pas de chance, nos amis homosexuels français (à moins d'être alsaciens ou mosellans) : non seulement personne n'a songé à les déporter et à les exterminer durant les heures les plus sombres de notre histoire, mais en plus il s'est trouvé, ces temps-ci, un grossier personnage pour le dire tout fort. C'est un député UMP, le rustaud en question. Enfin, c'était, parce qu'à l'UMP, on n'aime pas trop les vérités qui font de la peine aux socialistes. Du coup, ils l'ont bouté dehors avec leurs petits bras d'hétéros : Vanneste, ouste ! Ça lui apprendra à connaître son histoire de France et à la ramener avec ça.

Le pyjama rayé et le triangle rose, pour la prochaine gai praïde, ça pourrait devenir vachement tendance, les couturiers devraient se mettre sur le coup.

mardi 14 février 2012

On me dit que ce serait aujourd'hui la Saint-Valentin…


Votre visage,
Aux yeux changeants comme la mer,
Votre visage
Est un paysage si clair.

Votre sourire,
Qui s'illumine rien que pour moi,
Semble me dire :
« Je suis ta joie
Et je suis aussi la jeunesse.
Cheveux d'or en boucle d'amour,
À toi ma vie, ma tendresse,
À toi mon coeur pour toujours. »
 
Votre visage,
Aux yeux changeants comme la mer,
Votre visage
Est un paysage si clair,
Si clair.

Charles Trenet, 1947

dimanche 12 février 2012

Un peu de science éloigne de Dieu…


La lecture de La Mélodie secrète, le livre de vulgarisation de l'astrophysicien Trinh Xuan Thuan, consacré à la formation et aux lois de l'univers, à la physique quantique et autres joyeusetés semblables, m'amène à penser que l'hypothèse de l'existence d'un démiurge est encore la plus raisonnable pour expliquer le grand barnum dans lequel nous sommes plongés. Ce qui est étonnant (et aussi fort amusant si on se met à imaginer la tronche dépitée des athées névrotiques) c'est que plus les savants progressent dans leurs découvertes, et plus ils se rapprochent de la Bible – en tout cas de l'éventualité d'un créateur tout-puissant et omniscient. Les résistances sont encore assez fortes, notamment du côté des darwiniens intégristes, mais leur forteresse a commencé de se lézarder, à eux aussi. 

Il y a encore un siècle, les troupes de choc du rationalisme regardaient la science comme le marteau qui allait leur permettre d'écraser définitivement la punaise religieuse. Pas de chance…

samedi 11 février 2012

Pierre Dumayet mis en abyme

Il y a quelques jours, Arte redonnait une émission datant du début des années 2000 et consacrée à Pierre Dumayet – ou, plus exactement, à d'anciennes émissions de Dumayet commentées par lui à trois décennies de distance. Amusante mise en abyme, puisqu'on y voyait le vieil homme assis devant un téléviseur, à l'intérieur duquel apparaissait le jeune lui-même interrogeant tel ou tel écrivain. Le comble de ce jeu était atteint avec Marguerite Duras, laquelle avait demandé, dans les années quatre-vingts ou quatre-vingt-dix à revoir une émission des années soixante où c'était elle qui se trouvait sous le feu des questions. Si bien que l'on pouvait voir alors le Dumayet de 2000 contemplant sur son écran Marguerite Duras et le Dumayet de 1980 (mettons), eux-même se regardant et s'écoutant sur un autre écran et un quart de siècle plus tôt : on se serait cru sur un couvercle de boîte de Vache qui rit.

L'un des extraits de Lecture pour tous proposés avait pour invité François Mauriac, qui y expliquait ce qu'il voulait dire par l'expression : écrivain habitable. Il s'agissait dans son esprit de ces auteurs à qui l'on revient régulièrement, y entrant par n'importe quelle ouverture, lisant vingt ou cent pages, avant de ressortir cavalièrement par la porte-fenêtre du jardin. Comme exemple d'écrivain habitable, Mauriac citait Balzac – et je me sentais en plein accord avec lui –, mais aussi Dostoïevski. Et je me disais que je pourrais sans doute pas habiter Dostoïevski comme j'habite Balzac et, au moins autant, Proust. D'abord relire un roman du Russe n'est pas une envie qui me vient très souvent et elle est rarement impérieuse. Ensuite, quand il m'arrive de passer à l'acte, je sonne poliment à la porte, vérifie mon nœud de cravate, prends les patins, fais attention à ma cendre de cigarette, etc. : je n'habite pas, je visite.  Chez Balzac, en revanche, il m'arrive d'ouvrir le frigo pour voir s'il ne resterait pas un peu de rillettes – ou d'autres fois une vieille madeleine rassise dans le buffet de Marcel.

Pour exemple d'écrivain a contrario inhabitable, pour lui, François Mauriac donnait Kafka. Et il disait ceci : « J'ai beaucoup aimé les livres de Kafka, mais plutôt crever que de devoir les relire un jour… »

Ce “plutôt crever” dans la bouche  du maître de Malagar m'a ravi durant au moins cinq minutes.

vendredi 10 février 2012

Tremblez, exploiteurs ! Résonnez, musettes !


Maintenant que Le Monde.fr m'a contraint à faire mon coming out en  révélant à ses ouailles stupéfaites mon appartenance au Camp du Bien, je puis enfin mener au grand jour les combats que je livrais auparavant dans l'ombre la plus épaisse et propice. C'est pourquoi je crie bien haut que nous pouvons encore, tous ensemble mes frères et mes sœurs, faire reculer le Grand Capital et museler les valets à sa solde, qui ne seront pas satisfaits tant qu'ils ne nous auront pas pressés jusqu'à la dernière goutte de ce sang impur qui abreuve nos sillons. Pour cela, un seul mot d'ordre :


NE TOUCHEZ PAS AU REPOS DOMINICAL DES TRAVAILLEURS !

DITES NON À L'OUVERTURE DES ÉGLISES LE DIMANCHE !


Putain, ça fait du bien…

Au bout du monde, mais pas trop loin de chez soi


J'avoue, à ma grande et courte honte, n'avoir avant ce matin jamais entendu parler de Sylvain Tesson. Mais je viens de trouver, sur un excellent blog – probablement éphémère –, ce court texte de lui, qui semble extrait d'un livre intitulé Les Forêts de Sibérie :

« Assez tôt, j'ai compris que je n'allais pas pouvoir faire grand-chose pour changer le monde. Je me suis alors promis de m'installer quelque temps, seul, dans une cabane. Dans les forêts de Sibérie. J'ai acquis une isba de bois, loin de tout, sur les bords du lac Baïkal. Là, pendant six mois, à cinq jours de marche du premier village, perdu dans une nature démesurée, j'ai tâché d'être heureux. Je crois y être parvenu. Deux chiens, un poêle à bois, une fenêtre ouverte sur un lac suffisent à la vie. Et si la liberté consistait à posséder le temps ? Et si le bonheur revenait à disposer de solitude, d'espace et de silence – toutes choses dont manqueront les générations futures ? Tant qu'il y aura des cabanes au fond des bois, rien ne sera tout à fait perdu. »

La solitude et le silence sont en effet les deux luxes dont commencent toujours par nous priver les dictatures, qu'elles soient communiste, nazie ou modernœuse. Cela étant, si on pouvait se trouver un petit havre un peu moins lointain que la Sibérie, je serais preneur. Ce qui nous ramène à cette réponse faite par je ne sais plus quel chef d'orchestre, à qui on demandait où il aimerait habiter : « Pas trop loin de chez moi… »

jeudi 9 février 2012

Sentence à l'huile


L'obsession des mauvais peintres : réussir croûte que croûte.

mercredi 8 février 2012

Êtes-vous en situation de spécificité ?


Il y a quelque temps – ici même, je crois bien –, je me divertissais de ce que les invalides et les infirmes s'étaient d'abord transformés en handicapés (sans que cela ne les aide d'ailleurs à se mouvoir plus facilement), avant de devenir des personnes en situation de handicap – formule charabiesque qui ne signifiait plus rien. Et je pronostiquais que, dans un proche avenir, ce mot de “handicap” deviendrait lui-même inacceptable. Eh bien, l'avenir est devenu présent, le changement c'est maintenant et toutes ces sortes de choses. Voici ce que je lis, dans mon magazine de télévision, à propos d'un documentaire diffusé ce soir :

« Après une année difficile, Ronnie et Donnie Galyon, deux frères siamois, ont décidé de déménager dans une maison adaptée à leur spécificité. »

La rédaction souhaite beaucoup de bonheur à ces jumeaux spécifiques. Et attend avec impatience le prochain palier linguistique.

Claude Lévi-Strauss était-il, comme tout un chacun, sympathisant nazi ?


« Il n’est nullement coupable de placer une manière de vivre et de penser au-dessus de toutes les autres, et d’éprouver peu d’attirance envers tels ou tels dont le genre de vie, respectable en lui-même, s’éloigne par trop de celui auquel on est traditionnellement attaché. Cette incommunicabilité relative n’autorise certes pas à opprimer ou détruire les valeurs qu’on rejette ou leurs représentants, mais, maintenue dans ces limites, elle n’a rien de révoltant. Elle peut même représenter le prix à payer pour que les systèmes de valeurs de chaque famille spirituelle ou de chaque communauté se conservent, et trouvent dans leur propre fonds les ressources nécessaires à leur renouvellement. » 

Claude Lévi-Strauss (Le Regard éloigné, Paris, Plon, 1983).

Je sens qu'il ne va pas couler beaucoup d'eau sous les ponts – d'autant plus qu'elle est gelée – avant que l'autre guignol carabéen ne nous barbecute les livres du vieux en place publique…

mardi 7 février 2012

L'enseignement de l'oubli et l'industrie de l'hébétude


Communiqué n° 1343, lundi 6 février 2012
Sur les propos de M. Claude Guéant et les réactions qu'ils suscitent

Le parti de l'In-nocence observe avec une fascination stupéfaite la comédie pourtant prévisible des réactions politiques et médiatiques aux propos de M. Claude Guéant, ministre de l'Intérieur, sur l'inégalité des civilisations — propos d'une telle évidence et d'un si élémentaire bon sens que même les plus indignés de ceux qui y réagissent n'osent pas soutenir leur contraire, tant ce contraire serait absurde ; de sorte que, par un tour supplémentaire de la répression idéologique, M. Guéant n'est pas fustigé pour ce qu'il a dit mais pour ce que, disant, il aurait pu vouloir dire, insinuer, donner à entendre aux uns ou aux autres.

Le parti de l'In-nocence estime pour sa part, bien entendu, que les civilisations sont aussi inégales que les intelligences, les talents, les aptitudes physiques et les vertus morales ; et que seul un monde sinistre où la morale, l'esthétique et la réflexion politique seraient tenues pour nulles et non advenues pourrait soutenir et forcer à soutenir que les civilisations sont égales alors qu'il n'y a aucune égalité en art, en morale, en discrimination et en in-nocence ; qu'au demeurant un tel monde aux valeurs écrasées est bien celui que la Grande Déculturation, la décivilisation, l'enseignement de l'oubli et l'industrie de l’hébétude nous ont préparé de longue date. 


(Source)

Le choc des civilisations ? Remettez-nous ça, patron !


Claude Guéant a perdu une bonne occasion de se taire. Non parce qu'il aurait dit une bêtise, ou soufflé son haleine fétide aux délicats naseaux de Modernœud, ou nausé-abondé dans le mauvais sens – mais simplement parce qu'il n'est pas, à ma connaissance, payé sur les deniers de l'État pour proférer des évidences. 

Que certaines civilisations soient plus riches, plus fécondes, plus intenses que d'autres – et, donc, en un mot fort vilain, qu'elles soient supérieures à d'autres –, c'est l'évidence même, et ce ne sont pas les piaulements de la basse-cour progressiste qui changeront quoi que ce soit à cet état de fait. Énoncer cela sur un ton pontifiant et ministériel, c'est nier l'existence du ridicule, ça ne mérite pas qu'on s'y arrête une nanoseconde.

Ce qui est amusant, en revanche, ce sont les arguments utilisés pour attacher ce malheureux Guéant à sa roue : en proférant ce truisme, il aurait cherché à draguer les électeurs du front national. Je reconnais que c'est très laid, de chercher à attirer des électeurs en période électorale ; c'est une chose que les socialistes ne s'autoriseront jamais, par exemple. En dehors de cela, je trouve l'argument parfaitement saugrenu. 

On sait à peu près, je crois, quelles franges de la population fournissent ses gros bataillons de votants au parti de Marine Le Pen : plutôt Mimile et sa casquette que M. le marquis dans sa tenue de chasse à courre, pour le dire rapidement. Donc, je m'interroge, je tergiverse, je dubitative : nos petits camarades de la gauche vertueuse aux idées qui sentent bon croient-ils réellement que, le soir, au comptoir de toutes les Comète de France, on tient des meetings passionnés sur les mérites comparés des civilisations grecque et eskimaude ? Qu'on lance des débats de fond à propos des réalisations et des apports de la Chine et du Monomotapa ? Que l'on s'interroge gravement de savoir si le relativisme culturel est naturel à tous les peuples de la Terre ou bien s'il est une originalité de la civilisation dite occidentale ? Et le midi, à la cantine de l'entreprise, on reprend sur le formica des tables de huit la conversation amorcée la veille au zinc ? Ils croient sérieusement ça, nos amis ?

À mon avis, ils gagneraient à fréquenter davantage les bistrots, ça leur éviterait de proférer de telles âneries. Enfin, non, ce n'est même pas sûr.

dimanche 5 février 2012

On rouvre ! Et pourtant c'est dimanche…


« Au fait, j'ai décidé de rouvrir les commentaires.

– Ah ? Et pourquoi ?

– Sais pas trop…

– Ça te manquait, leurs bavardages ?

– Non, pas spécialement…

– Ben alors ?

– Alors, je fais ce que je veux, même quand je ne sais pas pourquoi.

– T'es pas logique, comme gars…

– Non, en effet. Et en plus je t'emmerde. »

samedi 4 février 2012

Le ballon de Port-Saïd a dû être piégé par ces salauds de Juifs


Soyons un peu objectifs tout de même : on ne va pas commencer à traiter les Égyptiens de sauvages, sous prétexte que quelques dizaines d'amateurs de football sont passés de vie à trépas pour cause d'enthousiasme débordant ; on fait aussi bien chez nous, les exemples ne manquent pas. Ce qui est amusant, dans le cas présent, c'est que Modernœud ne peut pas évacuer l'incident comme il le fait d'ordinaire, en disant que les supporters sont tous des gros cons avinés, que le football c'est la guerre continuée par, etc. Simplement parce que, ces supporters-là étant égyptiens, donc arabes, qui plus est révolutionnaires et printaniers, il ne saurait être question de leur imputer la responsabilité de cette flambée de violence imbécile. Il y a forcément des très-méchants quelque part, qui ont poussé ces très-gentils à envahir le terrain et à s'exploser mutuellement la tête, ce n'est pas possible autrement.

« Tu vas voir, ai-je pronostiqué à Catherine lorsque l'information nous est parvenue, tu vas voir que d'ici quarante-huit heures ce sera la faute d'Israël et des États-Unis… »

Elle a trouvé que j'exagérais tout de même un peu, et elle a eu bien tort. Il y a deux jours, un député égyptien, Mustafa Bakri, a, sur Sawt Al-Chaab TV, déclaré ce qui suit :

« Notre pays est entré dans un état d’anarchie. Cette anarchie est causée par l’Amérique, Israël et l’ancien régime. Regardez la nouvelle donne au Moyen-Orient. Ne parlons pas de tous les détails. Ce qui est arrivé à Port-Saïd est une continuation de ce qui s’est passé dans la rue Muhammad Mahmoud, dans la rue Al-Qasr Al-Ayni, en face du gouvernement, en face de Maspero, et dans le match de football contre la Tunisie. Tout est lié. C’est une tentative de mettre ce pays à terre. »

Catherine, j'attends de plates excuses ainsi qu'une reconnaissance publique de mon génie politique…


(Information trouvée ici.)

vendredi 3 février 2012

L'ignoble calomnie du Monde.fr contre votre serviteur


C'est l'Amiral Woland qui, entre deux travelos brésiliens payés sur note de frais, a trouvé le temps de m'avertir de cet inqualifiable scandale : d'après Le Monde.fr, je serais devenu socialiste ! Néanmoins, il semblerait que ces guignols aient tout de même eu un peu de mal à me classer, si j'en juge d'après ma position géographique. En réalité, ce blog paraît représenter, à leurs yeux purulents de progressisme, une sorte de pont entre la gauche et l'extrême droite. Regardez la carte ci-dessus : vous voyez le petit point rose, situé au nord-ouest du territoire bleu tout en longueur, et que l'on dirait relié par de multiples câbles idéologiques à la péninsule brune, à gauche, et à l'espèce de Sibérie rose, à droite ? Eh bien, c'est moi, comme vous pourrez le vérifier ici

Je songe sérieusement à porter plainte pour calomnie.

Bête comme un chanteur de variétés


Axel Bauer est un pousseur de rengaines qui eut sa minute trente de gloire, quelque part dans les années quatre-vingts, grâce à une chanson intitulée Cargo de nuit. Comme il n'est pas la moitié d'un imbécile, il vient d'écrire son autobiographie, afin probablement d'édifier les foules. Revenant sur le “clip” tourné par Jean-Baptiste Mondino à partir de son raffiot nocturne, notre artiste écrit ceci :

« J'avais moi-même un look très proche de celui de l'acteur Brad Davis dans Querelle, le film culte du célèbre réalisateur homo Jean Genet. » 

On suppose que c'est par modestie, pour ne pas étaler outrageusement sa culture, que M. Bauer omet de préciser que Jean Genet adaptait, dans son film culte, le fameux roman de Rainer Werner Fassbinder, dont le titre complet était d'ailleurs Querelle de Toulon – la querelle de Toulon se distinguant de celle de Lyon en ce que le brochet y est remplacé par de la truite saumonée. 

À ceux qui s'étonneraient que personne, chez l'éditeur, ne se soit avisé de cette splendide bourde, je signale que l'éditeur en question est Michel Lafon.

Dans le même genre, je me souviens d'être allé voir J'irai cracher sur vos tombes, en 1972, au cinéma de Châteaudun. Sans doute pour affriander le chaland intellectuel, le patron du cinéma en question avait rajouté sur l'affiche trônant dans le hall de son établissement un petit placard écrit à la main, qui précisait : « D'après le célèbre roman de Jean-Paul Sarthe. »

La culture est éternelle.

mercredi 1 février 2012

Humour juif contre humour juif : faut que ça saigne


D'après François Jouffa (qui le dit ici), la blague préférée des Ashkénazes :

C'est l'histoire d'un Séfarade qui rencontre un autre Arabe…