mardi 30 avril 2013

Jean-Paul Sartre ou la transplantation méthodique


Il arrive, et c'est l'un de leurs grands intérêts, que des textes du passé entrent soudain en résonance, pour ne pas dire en collision, avec des préoccupations que nous pensions être exclusivement les nôtres, projetant alors sur elles un éclairage nouveau, en quelque sorte oblique, qui permet de les examiner mieux, en tout cas sous un angle inusuel. 

Dans ses Carnets de la drôle de guerre, Sartre s'intéresse de très près, en cette fin d'année 1939, à la question des migrations organisées (litote pour ne pas dire forcées…) des populations alsaciennes en direction du Limousin – phénomène qui le touche de près, et intimement, puisque l'on sait que l'écrivain était limousin par son père et alsacien par sa mère. Plutôt que de migration ou d'exode, Sartre parce de “transplantation méthodique”. Par ce mot, méthodique, il entend souligner le fait que ce sont des villages entiers qui ont été transplantés, avec leurs municipalité, leur administration, etc. Et voici ce qu'il écrit (page 60) : 

« Le résultat est évidemment paradoxal : en les isolant, on les eût désarmés, plongés dans un milieu social qui les aurait pénétrés. Mais voilà qu'on a transplanté de petites collectivités entières avec leurs représentations collectives, leurs mœurs, leurs rites, mais privées de l'ambiance à laquelle ces mœurs et ces rites s'adaptent : climat, géographie, civilisation matérialisée dans l'architecture, le style des maison, la culture. On devine que le ritualisme social s'exaspère et devient frénétique, à proportion que les bases réelles lui manquent davantage. Il s'agit maintenant d'une sorte de société sans terre, rêvant sa spiritualité au lieu de la saisir à travers les mille besognes de la vie quotidienne. Cela provoque l'orgueil, comme réaction de défense, et un resserrement maladif des liens sociaux. Voilà une société frénétique et en l'air. »

Méditons, mes bons amis, méditons… Même si, évidemment, le parallèle entre la France d'aujourd'hui et le Limousin de 1939, ainsi que celui des Alsaciens de cette époque avec nos jeunes-à-guillemets hors-sol relèvent tous deux de la haute voltige la plus hasardeuse.

Juste après, sans la moindre transition, Sartre se livre à une charge furieuse contre les populations limousines, en des termes qui, aujourd'hui, lui feraient frôler la correctionnelle. Parlant des Alsaciens : «  On les a envoyés chez les croquants limousins, les derniers des hommes, arriérés, obtus, âpres au gain et misérables. Ces Alsaciens, encore tout éblouis par le souvenir de leurs cultures méthodiques et soignées, de leurs belles maisons, tombent dans ces campagnes, dans ces villes sales, chez des gens méfiants et laids, sales pour la plupart. […] Leurs habitudes de propreté ont dû être choquées par ces petites villes, comme Thiviers où, il y a encore douze ans, les ordures ménagères et les excréments se déversaient dans les sentines. »

Lorsque arrive le nom de Thiviers, la raison de cette diatribe émerge soudain : cette petite ville de trois mille habitants (aujourd'hui), située en Dordogne mais aux confins du Limousin, est le berceau de la famille Sartre, celle que l'écrivain a toujours rejetée pour son compte personnel, se voulant résolument du côté des Schweitzer, sa famille maternelle. Et voilà que, sous ses yeux, et à l'échelle d'une région entière, on place officiellement les Schweitzer sous la domination des Sartre : c'est plus qu'il n'en peut supporter, même si, bien entendu, il ne fait aucune allusion à lui-même dans tous les passages des Carnets qui traitent de ce sujet, sur lequel il revient à mainte reprise, presque obsessionnellement. La guerre, même lorsqu'elle est drôle, a parfois des conséquences secondes tout à fait inattendues.

lundi 29 avril 2013

Noël au pastis, mars à l'hôpital (proverbe héberto-plessiste)

Nouvel hôpital d'Évreux, en bordure du terrain de golf…

Un bâtiment que j'ai assidument fréquenté au mois de mars.

Les blogueurs sont-ils des bouffons moralisants ? L'avis de Sartre sur la question

Je ne sais déjà plus par quels méandres m'est arrivée, il y a deux ou trois jours, l'envie de relire Les Carnets de la drôle de guerre ; toujours est-il qu'après en avoir terminé avec Vue d'œil, le journal 2012 de Renaud Camus, j'y ai cédé sans résistance. (Et, après tout, peut-être que la perspective de passer de Camus à Sartre a été un déclencheur suffisant.)

Ces Carnets montrent Sartre à son meilleur, me semble-t-il : un homme, un philosophe brusquement détaché de tout ce qui avait jusque là constitué sa vie ; une pensée privée de ses moindres repères et qui voit bien qu'une occasion unique lui est donnée de se reconstituer, non pas à l'identique, comme on rebâtirait une maison écroulée exactement selon les plans d'origine, mais au contraire en prenant prétexte de cette “mise à terre” pour tenter de devenir radicalement autre, tel un insecte se dégageant de sa chrysalide déjà morte. En voici un court extrait, tiré de la page 31 de l'édition première (Gallimard, 1983), à seule fin de justifier si faire se peut mon titre plus ou moins racoleur – il est daté du 17 novembre 1939, Sartre se trouve alors cantonné à Brumath, en Alsace  :

« Cette fois l'attitude est prise : je deviens un bouffon moralisant. Naturellement je n'ai pas besoin de dire que je me fous comme du tiers et du quart de libérer Paul de ses servitudes. C'est l'attitude qui me plaisait ; elle me permettait de décharger ma bile, d'exposer mes idées, de faire des discours truculents, de jouer un personnage. Car je suis social et comédien – ici par ennui, sans doute, et par besoin de dépenser un trop-plein de turbulence, ailleurs pour faire le joli cœur, d'autres fois simplement pour refléter dans les yeux d'autrui une figure nette. Et puis c'était, je pense, une manière d'avoir des rapports suivis avec les acolytes : comme ils ne m'amusent pas, il fallait bien que je m'amuse d'eux, c'est-à-dire que je « me joue à eux », comme dit Montaigne ; je les entraînais dans une comédie que je me donnais, sous prétexte de la donner à Mistler ; j'y vois aussi comme une espèce de recul pudique, une façon de ne pas vouloir être avec eux sans cérémonie, précisément parce que nous vivons sans cérémonie. Ce ne sont pas des excuses que je donne, mais des explications. Toujours est-il qu'il ne fallait pas m'y prendre, ce n'était tolérable que sous forme de batelage gratuit. Et puis, ce jour du 13 Novembre, je m'y suis laissé attraper. Heureusement que ma prompte déconfiture m'a ramené à la raison. Je suis revenu depuis à une distribution de blâmes désordonnée et sans dessein. Je crois qu'ils me supportent mieux ainsi ; ils aiment mieux expliquer ces blâmes par mon agressivité que par mon prosélytisme. »

Et je me demande, ce recopiant, si la majuscule initiale à “Novembre” est due à Sartre lui-même ou s'il s'agit d'une coquille de l'éditeur. 

Là-dessus nous filons à Rouen, pour voir si, par hasard, François H. ne serait pas planqué dans un recoin sombre de la ville.

dimanche 28 avril 2013

Didier Goux a plus de couilles que François Hollande (et Catherine Goux itou)


Demain, M. et Mme Goux, du Plessis-Hébert, iront arpenter les salles du musée des Beaux-Arts de Rouen. L'aventure est apparemment à haut risque, et nous avons bien failli tout remettre sine die. Mais, finalement, considérant le volume de nos paires de nos balloches bene pendentes, nous avons décidé que nous irions quoi qu'il arrive à Rouen demain. C'est une chose que le président de la République aurait dû faire aujourd'hui, il était prévu qu'il le fasse, en compagnie de trois ou quatre des ******** qui lui servent de ministres. Il a courageusement annulé au dernier moment. Il doit évidemment y avoir un motif officiel à cette dérobade : je ne veux même pas perdre mon temps à chercher lequel.

La trouille. Les chocottes. La courante. Les flubes. Le  président a le tracsir et l'admet officiellement. Peur de la France, peur des Français, quels qu'ils puissent être : des margino-gauchistes, des centro-nauséabonds, des extrêmes-cathos, et sans doute d'autres. Il ne doit guère plus y avoir que Nicolas J, et une poignée de blogoravis de la crèche autour de lui, pour empêcher notre caudillito de se bunkériser tout à fait : bientôt, les seules sorties officielles de François H. seront pour la Comète du Kremlin-Bicêtre ; et encore : avec cars de CRS jusqu'à la porte d'Italie d'un côté et Villejuif de l'autre.

Pourtant, il était bel et bien prévu que le président normal de tous les Français le fasse, ce déplacement en Seine-Maritime. Il avait même eu des exigences citoyennes et laïques assez surprenantes (je cite mes confrères régionaux) : 

« Découvrant que François Hollande devait prononcer un discours devant une immense toile représentant une scène à caractère religieux, et devant l’impossibilité technique de déplacer ce tableau à la taille XXL, les autorités avaient demandé aux employés du musée de tendre une immense bâche bleue. »

C'est tellement beau, tellement con, tellement inespéré, qu'on se demande si ça n'a pas été inventé par un plein bataillon de taupes identitaires nauséabondantes pour discréditer notre président-de-pour-cinq-ans. Mais non, c'est vrai ; les laïcards névrotiques qui errent actuellement dans les palais nationaux ont réellement exigé cela, ils n'ont pas hésité à plonger à ces profondeurs. Parvenu à ces barbotages fangeux, il me semble qu'il n'est même plus nécessaire d'exprimer la moindre critique.
 

samedi 27 avril 2013

Considérations camusardes à vue d'œil

Reçu au courrier, hier, Vue d'œil, le journal 2012 de Renaud Camus, qui devrait donc être le dernier publié chez Fayard, à moins d'un revirement fort improbable de cette maison, honorable par ailleurs. J'ai immédiatement exhorté Jean Potocki à la patience et me suis plongé dans ce volume qui, effectivement, comme le signalait Camus lui-même dans son journal il y a quelques jours, semble d'abord assez nettement plus mince – ou moins épais – que ceux des dix années précédentes (au niveau d'la prise en main, j'veux dire…). En réalité, lorsque l'on file voir le nombre de pages, on s'aperçoit qu'il n'en est rien. Et comme le corps de composition et le “grammage” du papier (si c'est bien comme ça qu'on doit dire pour parler du poids et donc de l'épaisseur de la feuille) ne paraissent pas eux-mêmes très différents de ceux des livres précédents, on se perd en conjectures ; puis, on se plonge dans sa lecture. C'est-à-dire que, dans un premier temps, on accomplit cet acte puéril et vaniteux consistant à se rendre à l'index pour voir si “ça parle de nous” : en effet, ça. En cinq ou six occurrences, dont une qui n'occupe pas moins de trois pages, puisque Camus reproduit intégralement un billet que j'avais écrit l'année dernière dernière, en juin, lorsque j'ai été repris d'une sorte de prurit de lectures camusiennes ; ce même billet que Claude Durand aurait trouvé, toujours d'après Camus, “de haute qualité”, ce dont je suis, l'ayant relu, nettement moins persuadé que lui ; mais enfin, un peu de pommade ne peut pas me faire de mal, d'autant que le temps s'est brusquement remis à la froidure.

Plaisir, donc, de tenir de nouveau entre ses mains un volume de ce journal que j'aime et pratique assidument depuis quelques années (depuis 2006 et Outrepas, précisément) ; et les mots, bien sûr prennent désormais un sens plus aigu que celui, machinal, qu'ils avaient auparavant, avant l'âge du journal quotidien et virtuel : ce volume que l'on tient, que l'on a entre les mains, il se pourrait bien, en tout cas on y pense, qu'il fût le dernier de cet écrivain-là, à moins d'un revirement de la fortune, d'un remords du destin.

Du coup, retrouvant le plaisir inchangé des années précédentes, on est tenté d'établir des comparaisons entre cette lecture-ci, classique, et celle à laquelle nous contraint désormais la défection de Fayard, celle de ce même journal, mais sur écran et à raison d'une “entrée” chaque jour. Lorsque j'ai commencé à pratiquer cette nouvelle forme, j'en ai ressenti une frustration et une déception ; frustration parce que la lecture était toujours trop brève, que le temps nous était refusé désormais de “s'installer” dans l'œuvre ; et déception car j'ai d'abord eu cette impression que le journal en devenait moins intéressant, qu'il se perdait parfois dans des aperçus qui n'auraient pas trouvé place dans le livre, le livre de naguère. Or, c'était une impression fausse. Ayant lu une centaine de pages de Vue d'œil, je crois avoir compris ce qui l'avait engendrée : dans le journal “papier”, l'œil du lecteur peut glisser rapidement sur les quelques paragraphes qui l'ennuient, simplement parce qu'il sait disposer encore, derrière, de plusieurs centaines de pages ; de même que, lors d'un repas gastronomique à cinq ou six services, on n'hésitera pas à laisser repartir presque intact en cuisine tel plat qui nous a semblé, à première bouchée, un peu moins bon que les autres. Tandis que, sur l'écran, dans le cas d'une lecture quotidienne, et pour filer la métaphore nourrissante, on se trouve un peu dans la situation de l'homme qui est parti pour une longue promenade dans une campagne déserte, avec un seul sandwich dans sa besace, et qui s'aperçoit que celui-ci n'est pas trop de son goût. Que fait-il ? La marche et le grand air ayant agi conformément sur son appétit, bien sûr qu'il le mange quand même ; parce qu'il sait qu'il n'aura rien d'autre avant le lendemain, en mettant les choses au plus favorable. Mais, ce faisant, il ne peut s'empêcher de bougonner un peu contre la personne qui lui a confectionné son unique repas du jour.

Évidemment, on pourrait envisager de ne lire le journal 2013 – et les suivants, j'espère – qu'une fois par mois ; ou même, soyons fou, tout d'une traite à la fin de chaque année ; voire d'attendre que l'auteur en propose, quelques semaines encore après, une quelconque version blurbienne, revenant ainsi à une lecture classique, un modus d'avant. Mais qui aura cette force d'âme ? Pas moi.

vendredi 26 avril 2013

C'est trop tôt, ma petite dame !


« Le collège Louise-Michel de Lille, dans le Nord, se trouve dans l'embarras le plus total. Une professeur d'anglais âgée de 34 ans aurait entretenu une liaison avec l'une de ses élèves de 14 ans. Mise en examen ce mardi, l'enseignante est convoquée au tribunal correctionnel de Lille pour atteintes sexuelles sur mineure de moins de 15 ans par personne ayant autorité. Cette dernière affirme que la relation était consentie. » [Lire ici.]

C'est trop bête,  une telle précipitation : cette brave dame aurait attendu quelques mois, elle aurait pu tout simplement aller demander officiellement la main de la jeune fille à ses parents. Elles se seraient mariées et auraient eu beaucoup de futurs petits collégiens dégenrés par PMA (ou GPS, je ne sais jamais). Sont trop impulsives, ces professeuresses.

Jean-Luc Mélenchon : eructuat nec parlatur


Je me suis, hier soir, et même assez avant dans la nuit, confronté à une expérience extrême et pour moi inédite : écouter Jean-Luc Mélenchon. Je me suis donc branché sur TV5 Monde, qui retransmettait les paroles et des actes de France 2, sorte de Piste aux étoiles nouvelle manière, animée par le toujours si brillant et combatif David Pujadas. J'ai jeté l'éponge au milieu du numéro exécuté en duo par l'invité principal et Mme Saint-Cricq – parce qu'il ne faut point abuser de ce genre de friandises fourrées à la graisse de cheval.

Il est fascinant de constater à quel point Jean-Luc Mélenchon parvient à ne rien dire. Jamais. Pas une phrase qui ait le moindre sens. Pas la plus petite velléité d'un discours tant soit peu cohérent, derrière lequel on pourrait tenter de deviner l'ébauche d'une vision politique, ou à tout le moins d'un but à peu près cohérent. À la place, l'histrion se livre à une sorte de stand up assis, aussi satisfait de soi-même qu'un Marchais de haute époque, se contentant d'ironiser à contre-temps sur les questions balbutiées par le passe-plat de service public, sans bien entendu y répondre jamais, ni même faire mine de consentir à le faire. Pourquoi se gênerait-il, du reste ? On ne l'invite pas sur ce genre de plateaux pour savoir si, par hasard, il penserait quelque chose sur tel ou tel sujet, mais précisément pour cet eructuat nec parlatur qui ne doit rien aux cordes vocales, encore moins au cerveau, mais se tient tout entier dans l'arrière-gorge.

C'est un spectacle surprenant durant les vingt premières minutes, mais dont on se lasse plus tôt qu'on ne l'aurait cru : les charmes de l'expectoration à grumeaux continus s'éventent assez vite. On se fatigue surtout d'attendre le moment où l'un ou l'autre des clowns blancs qui se relaient face à cet Auguste tapera du poing sur la table en lui signifiant qu'il serait peut-être temps de répondre aux questions qu'on lui pose, plutôt que de pirouetter sur lui-même en prenant à témoin un public à la fois hébété et hilare, de toute façon captif. Mais, bien évidemment, cela ne se produit jamais ; et la non-parole borborygmale peut continuer de s'écouler.

jeudi 25 avril 2013

La grave question de l'aménagement du territoire



À Nicolas J., grand bâtisseur virtuel.

Le dédicataire de ce billet a raison de chercher à nous alerter tous sur cette épineuse et fondamentale question : rien n'engage plus l'avenir, le nôtre mais aussi celui de nos enfants (enfin : surtout des vôtres…) que le visage que nous allons donner à la France. À ce propos, je dois faire mon mea culpa : lorsqu'il a été question de réaménager le carrefour de la mairie, au Plessis-Hébert, inconscient des enjeux je ne m'en suis pas mêlé. Or, à présent, il est trop tard, les trente ans qui viennent sont engagés, on ne pourra plus modifier la courbure du double virage et les gens continueront de mordre du pneu arrière sur la légère avancée de trottoir plat qui a été dessinée là. 

Même chose pour la rénovation de la rue de l'Église, dans le cadre du projet Le Grand Plessis – un futur à nos portes. Pourquoi, diable, ce lampadaire de mon côté de la clôture mitoyenne et pas de celui du voisin ? Rien de tout cela n'a été pensé ! Et ce trottoir goudronné qui s'arrête juste à la limite de mes terres, pour faire place à une minable bande herbue fort discriminatoire ? On aurait voulu me pousser dans l'opposition, faire le lit de tous les extrémismes, qu'on ne s'y serait pas pris autrement ! Et je préfère ne rien dire des travaux d'agrandissement de la déchetterie du SICTOM, car je risquerais tout à la fois la poursuite pour injures et l'apoplexie sans retour.

Avant d'aller me plonger la tête dans le bac de récupération des eaux de pluie pour tenter de me calmer, je signale aussi que, lorsque nous sommes arrivés dans cette riante commune, les habitants citoyens disposaient, en bordure du terrain de foot, de deux containers à bouteilles. Or, probablement dans un souci d'économie assez méprisable, on nous en a cyniquement retiré un : est-ce comme cela que l'on compte affronter les grands défi de ce XXIe siècle balbutiant ? Ah ! il n'est pas riant, l'avenir de la France ! Et on n'a pas fini de payer les conséquences de politiques à courte vue, je vous le dis !

mercredi 24 avril 2013

Las gitanas de Sierra Morena quieren carne de hombres


Je ne parviens pas à me souvenir s'il s'agit d'une seconde ou d'une troisième lecture. Toujours est-il que j'ai repris, cet après-midi le Manuscrit trouvé à Saragosse de Jean Potocki (1761 – 1815), écrivain polonais de langue française. Fabuleux livre que celui-là, qui tient à la fois du roman noir, de l'épopée de brigands, du conte fantastique, de l'histoire de fantômes, du conte libertin, du récit philosophique, du roman d'amour, de celui d'intrigues politiques, voire du conte oriental, plus deux ou trois autres genres que j'oublie certainement. Livre labyrinthe, avec son récit dans le récit, puis un récit dans le récit dans le récit, et encore un récit dans le récit dans le récit dans le récit, ainsi de suite. On se retrouve perdu au milieu de ces innombrables miroirs qui se regardent les uns les autres, de face, de biais, et se reflètent à l'infini. En voici la première phrase, l'incipit comme l'on dit  – encore qu'il ne s'agisse pas tout à fait de l'entame du livre, lequel commence par un avertissement de l'auteur, qui explique brièvement dans quelles circonstances il a trouvé ce manuscrit rédigé en espagnol, dans une maisonnette désertée de Saragosse. Néanmoins, il s'agit bien de la première phrase de la première journée du récit lui-même ; et c'est l'une des plus savoureuses qui soit :

« Le comte d'Olavidez n'avait pas encore établi des colonies étrangères dans la Sierra Morena : cette chaîne sourcilleuse qui sépare l'Andalousie d'avec la Manche n'était alors habitée que par des contrebandiers, des bandits, et quelques Bohémiens qui passaient pour manger les voyageurs qu'ils avaient assassinés ; et de là le proverbe espagnol : Las gitanas de Sierra Morena quieren carne de hombres. »

De fait, elle est bien peu engageante, cette sierra, notamment lorsqu'on débouche dans la vallée de Los Hermanos, où le Guadalquivir se répand dans la plaine, en raison des frères Zoto qui, à son entrée, se balancent sous un gibet, cependant que les vautours s'affairent à leur dévorer chair et entrailles. Et puis, surtout, chaque voyageur se retrouve plus ou moins contraint de bivouaquer à la Venta Quemada, une auberge déserte que son propriétaire a fui, en laissant un écriteau qui demande aux passants de prier pour lui. On y passe certes des nuits surprenantes et délicieuses (le possédé Pacheco se vautre jusqu'au petit matin dans la luxure, en compagnie de sa jeune belle-mère, Camille, et de la sœur cadette de celle-ci, Inésille), mais les voyageurs ont la fâcheuse surprise, le lendemain, de se réveiller sous le gibet, parmi les ossements et les haillons, encadré par les cadavres en voie de putréfaction des deux frères, dont on ne sait pas trop bien comment ils ont pu se dépendre de leurs nœuds coulants.

Jean Potocki met fin à ses jours le 11 décembre 1815. Diverses histoires circulent à propos de ce suicide. Certains affirment qu'il aurait chargé son pistolet avec une balle de plomb provenant du couvercle d'une théière et qu'il aurait méticuleusement polie lui-même durant des mois ; d'autres prétendent que la balle était d'argent et avait été bénie par un prêtre ; quant à moi, je reste persuadé qu'il ne s'est nullement suicidé, mais a eu la cervelle dévorée par les gitanas de Sierra Morena.

Mon député est une couille molle


Il s'appelle Le Maire ; Le Maire Bruno, même. L'autre soir, lors du vote pour ou contre le mariage guignol, il s'est courageusement abstenu. En 2012, je m'étais résigné à glisser son bulletin dans l'urne. C'est une erreur que je ne commettrai pas deux fois, on peut en être assuré.

mardi 23 avril 2013

Étude en queue de poisson


Les chercheurs sont des gens indispensables ; notamment parce – et par ce – qu'ils parviennent toujours à trouver, apportant ainsi un éclairage neuf sur ce dont l'homme moyen pensait sincèrement avoir déjà fait trois fois le tour.  C'est ainsi que des crânes d'œuf (de saumon, sans doute) américains ont établi que le refus du mariage guignol et la détestation des sushis étaient fortement et étroitement corrélés. Si vous n'aimez pas le thon cru, vous n'apprécierez pas davantage le mariage à plume dans le cul – c'est comme ça, ne cherchez pas à vous singulariser en essayant de dissocier les deux choses. Il reste qu'on n'aimerait pas être dans la peau de deux homosexuels déterminés à passer devant M. le maire et persistant malgré cela à détester les petites bouchées nipponnes : il y aurait là un écartèlement psychologique risquant de conduire tout droit les impétrants aux confins de la démence. Ce qui, du reste, pourrait leur permettre d'échapper aux sushis qu'ils détestent, car, comme chacun le sait, plus on est de fous, moins il y a de riz.

lundi 22 avril 2013

La gauche qui comprend la droite qui aime la gauche qui admet la droite – et ces juifs suicidaires agenouillés devant leurs bourreaux

Comment commencer ce billet ? Par les juifs qui placent eux-mêmes leur tête sur le billot, ou par ces timides jeunes gens qui osent enfin se prétendre de droite mais ne rêvent au fond que d'obtenir des blanc-seings de leurs “mâles dominants” de gauche ? C'est difficile. Je sens bien que les deux sont liés, mais tout de même : dans un cas (les blogueurs de droite propres sur eux, terrifiés à l'idée de déplaire à leurs amis progressistes), on ne risque à peu près rien. On se croit de droite comme d'autres se pensent de gauche, on espère être aimé par tout le monde, c'est-à-dire qu'on courbe la tête devant toute idée se présentant, portée par le vent de la modernité la plus modernitudoïne. C'est pour cela que le blogueur ******, qui se pense de droite, a des tas d'amis "à gauche" : ce qu'il veut, c'est être aimé, et si possible par ceux qui, normalement, devraient le détester. Donc, il passe son temps à expliquer à ses amis de gauche qu'il est "comme eux", aussi progressiste, aussi moderne, aussi… aussi ce qu'ils veulent : il sera toujours d'accord avec eux – toujours.

Maintenant, les juifs. Les juifs de gauche. Ces juifs qui passent leur temps et leur énergie à démontrer que les musulmans ne rêvent que de s'accorder avec eux. Appelons-les : les juifs schizophrènes. Ces juifs qui ont tellement bien assimilé l'Occident qu'ils en deviennent aussi cons que nous. (Quand je dis : nous, je pense évidemment à ces traîtres à eux-mêmes que l'on égorgera un  jour ou l'autre (je plaisante, mais à peine).) 

Donc, les juifs de gauche. Par exemple Guy Birenbaum. Ou Claude Askolovitch (avec qui j'ai bu des coups répétés, à l'époque où on était jeunes tous les deux, mais bon…). Ou d'autres, plus vieux ou plus récents. Qui ne savent rien faire d'autre que de défendre les gens qui vont (et admettent parfaitement leur volonté de le faire) les détruire. Les éliminer. Les éradiquer. Les musulmans veulent détruire les juifs. Ils le disent. ils sont francs (et souvent très cons, grâce au Ciel). Néanmoins, les Birenbaum et les Askolovitch pensent que leurs ennemis sont les blondes-à-poussettes. Ils sont persuadés que les Arabes qui s'installent massivement dans ce pays s'inclineront très bas devant eux, parce qu'ils leur auront tracé le chemin,  qu'ils se seront prosternés devant eux, qu'ils auront proclamé leur supériorité, etc.

Les Birenbaum et les Askolovitch sont des juifs oublieux. Oublieux de ce qui est arrivé à leurs pères, grands-pères, etc.  Personnellement, si j'étais un grand-père ou un arrière-grand-oncle de Claude ou de Guy, je leur cracherais à la gueule. Et je leur demanderais ce qu'ils trouvent de si séduisant chez ces musulmans qui ne songent qu'à les détruire – et qui le disent.

Mais ni Claude ni Guy ne peuvent penser cela. Parce qu'ils sont (ou croient être) de gauche, ils deviennent incapables de concevoir qu'ils ont des ennemis. Ils pensent que le fait de dire qu'ils n'ont pas d'ennemi suffit à supprimer toute notion d'ennemi. Ils tendent la main aux musulmans, ils leur sourient, et donc tout va s'arranger.

Ces juifs-là sont des cons. Ils mourront les premiers, prouvant par là qu'il n'est pas si facile de tirer les leçons de l'histoire. Mais ils mourront sans doute le sourire aux lèvres, ravis de leur progressisme, puisque leurs égorgeurs ne porteront pas l'uniforme ni la casquette que l'on voit dans les films.

Je ne crois pas avoir d'amis juifs. Mais si j'en avais, le leur conseillerais de s'éloigner d'un Birenbaum (ou d'autres du même genre), qui gagne sa vie à leur mettre la tête sur le billot, en toute plaisanterie, n'est-ce pas  ?

Rome n'est plus dans Rome, elle est toute où je suis


Benoît XVI démissionne ? Un conclave.

François Hollande est élu président ? Un con clive.


Ça va, ça va, je sais : je vais bientôt être obligé de présenter ce blog sur fond rose ou vert pomme, tellement il se met à ressembler au défunt Hérisson. D'abord, n'oublions pas que, si le renard sait un tas de choses, le hérisson, lui, sait une chose importante. Et puis, ce n'est pas ma faute si le président-d'une-France-apaisée a tant bien œuvré que le frais boulingrin entretenu par ses soins prend des allures de terrain de motocross, où même un gros 4 x 4 renforcé de partout ne risquerait pas ses jantes (nouveau sobriquet pour notre Guide : Hollande-Rover). Du coup, on se dit que l'attitude adoptée par notre laboureur de mou est peut-être la bonne, en tout cas la seule possible. Quand on se retrouve malencontreusement au milieu d'un champ de mines, la seule solution, à court terme, est de ne plus faire un pas ni même un geste. Et c'est ce qu'il fait.

dimanche 21 avril 2013

Les 21 z'avril sont décidément meurtriers

21 avril 2002 : le progrès en marche vient de couler une bielle ; les passagers de l'avenir comprennent qu'ils vont manquer leur correspondance pour les lendemains qui chantent.

De tous les marronniers, celui-là est d'assez loin mon préféré. Le 21 avril 2002, voter Le Pen c'était donner de la déconfiture aux cochons (demargaritas ante porcos, en latin d'arrière-cuisine), opposer un non-non à Oui-Oui, décréter pour lui le droit d'inventaire perpétuel – on a tout de même bien ri.

Mais voici que le cauchemar recommence. Aujourd'hui, onze ans après, les hordes fascisto-nazillardes sont plus que jamais présentes et menaceuses (deux mots en “ente” à la suite l'un de l'autre, c'était pas joli…). Et, cette fois, les factieux à remugles ne se contentent plus de bourrer les urnes, ils envahissent la rue, bloquent les carrefours, lancent à l'assaut de la démocratie pourtant durable leurs poussettes vert-de-grisées, leurs escarpins en peau de pédé tannée, leurs tailleurs à totenkopf

Face au péril, il est plus que temps de sonner le tocsin avant que ne vienne celui du glas de nos libertés. Et de confier, pour sauver la République, les pleins pouvoirs à Lionel Jospin.

Et d'abattre tous les marronniers.

vendredi 19 avril 2013

Est-il encore possible de redevenir des Grecs anciens ?


« Certaines civilisations ont un rayonnement que nous ne savons pas expliquer. L'histoire n'a cessé de démentir que ce soit dû à de l'impérialisme culturel ou même à de la supériorité politique et militaire ; les Romains n'ont jamais cherché à romaniser leurs sujets, au contraire : la Grèce conquise par eux “a conquis son farouche vainqueur”, écrit un poète romain ; cinq siècles plus tard, on assistera à la “conquête persane de l'Islam”, vainqueur de la Perse. En dépit de ce qu'on affirme de nos jours, le rayonnement des grandes cultures n'est pas toujours un sous-produit de la puissance politique et militaire ; on a vu au cours des siècles une vraie supériorité s'imposer d'elle-même ; […] »
Paul Veyne, L'Empire gréco-romain, ch. L'Art de Palmyre, Seuil, p. 354.

Avec la prudence qui s'impose, en raison de l'éloignement des siècles, il n'est pas interdit de penser que la première partie de ce paragraphe pourrait fort bien s'appliquer à la situation des États-Unis et à notre rapport d'attirance-répulsion – partagé assez également entre la droite et la gauche, sans doute parce qu'il est tout culturel contrairement à ce qu'on tente de se faire croire – avec ce qui en émane et possède sur nous, Européens ou Barbares, un incroyable pouvoir de séduction. L'attirance vient probablement de ce que cette culture, ces pratiques sont l'expression d'un authentique faste, et non d'une propagande comme le voudraient ceux chez qui la répulsion domine, les deux choses étant fondamentalement différentes : la propagande cherche à convaincre de la puissance de son bénéficiaire, cependant que le faste se contente d'exprimer un prestige déjà là, que tout le monde est censé avoir reconnu et admis.

De la suite de l'extrait, les alarmés du Grand Remplacement pourraient être tentés de tirer une leçon optimiste : notre culture étant indubitablement et incomparablement supérieure à celle des futurs occupants, c'est bien nous qui ferons leur conquête et non l'inverse, comme les Grecs ont finalement fait celle des Romains – avant de leur survivre durant mille ans sous la forme de l'Empire d'Orient centré sur Constantinople. Ces optimistes-là, s'il s'en trouve, ne devraient cependant pas oublier que, durant ces cinq ou six siècles de domination politique romaine, les Grecs n'ont jamais perdu une seconde la certitude de l'absolue supériorité de leur civilisation, qui n'était rien d'autre que LA civilisation, à leurs yeux mêmes. Il s'en faut de beaucoup, je le crains, que nous nous tenions sur la même hautaine ligne de crête.

Suis-je vraiment un droitard costaud ? Autotest

En plus de son programme pour sauver la France, la Droite forte vous offre une boîte de cassoulet bio.

En lisant Valeurs actuelles – je sais : c'est très vilain –, je suis tombé, au détour de la page 21 du dernier numéro paru, sur les propositions de la Droite forte, destinées à changer la France (dont la couche serait souillée, je suppose). Bon. C'était le moment où jamais de faire mon examen de conscience, de vérifier si, oui ou non, je suis moi-même un droitard costaud. On va les prendre une par une :

– Supprimer à vie les allocations sociales pour tout fraudeur récidiviste : Le “à vie” est peut-être un tantinet exagéré, mais que les fraudeurs soient sanctionnés ne me paraît pas être un scandale, en effet.

– Supprimer la couverture maladie universelle (CMU) et l'aide médicale d'État (AME) : C'est le bon sens même ; toute mesure ayant pour effet de rendre la France moins “attirante” aux grands yeux candides des populations extérieures me semble une bonne chose. D'autant qu'en cette époque de hausse massive et généralisée des charges, il va devenir de plus en plus difficile d'expliquer aux Français qu'ils doivent consentir à payer leurs soins plus cher, afin que ceux-ci puissent demeurer gratuits pour tout visiteur n'ayant eu que le mal de pousser la porte.

– Supprimer les remises de peine automatiques : Ça va de soi ; et si ça ne va pas de soi, il convient de le faire quand même. Mais on pourra garder les portillons de même nature ainsi que les distributeurs de billets de banque, qui sont tout de même bien pratiques.

– Supprimer l'automaticité de l'acquisition de la nationalité française : en dehors du fait que cet “automaticité” me semble ressortir à une sorte de jargon ministériel, évidemment oui. C'est même le minimum que l'on puisse attendre : je serais assez partisan d'une suspension totale et assez longue de toutes les naturalisations – à condition bien entendu qu'elle s'accompagne d'une étude enfin sérieuse et libre des effets et conséquences (positives comme négatives) de l'immigration de masse.

– Instaurer la semaine des 40 heures : Cela aussi semble relever du bon sens. Je note, à ce propos, que l'un des arguments massues des partisans du mariage guignol est de dire : « Mais nos voisins z'européens l'ont fait ! on ne peut pas se permettre de rester à la traîne ! » Fort well, Angelina : comme beaucoup ont également rallongé la durée hebdomadaire du travail, la voie est donc toute tracée. Et puis, instaurer la semaine de 40 heures permettrait à François Hollande de se donner des allures de Léon Blum, qui a fait la même chose en 1936.

– Obliger les banques à prêter en priorité aux PME : On discerne à peu près l'intérêt économique de l'idée, mais on se demande si c'est bien à l'État d'obliger les banques à prêter à Pierre plutôt qu'à Paul. Accessoirement, on se demande  aussi comment il s'y prendrait.

– Aligner tous les régimes sociaux du public sur ceux du privé : Comme il s'agit-là d'une mesure égalitaire, on s'étonne que les socialistes ne l'aient pas déjà fait. Et on se refuse à suivre les esprits pervers insinuant qu'ils ne veulent pas mécontenter les privilégiés qui leur servent de vivier électoral.

– Instaurer l'âge de départ légal à la retraite à 65 ans : Simple bon sens, là encore ; même si ça ne m'arrange pas du tout. Mais alors là, tu vois, pas du tout du tout.

– Supprimer le droit de grève des professeurs : Mesure très étrange : pourquoi aux professeurs spécialement ? Pourquoi pas à l'ensemble des fonctionnaires, dont les professeurs font partie ? Me semblent bien mollassons, ces droitards costauds…

– Créer la “Charte républicaine des musulmans de France” : Pour quoi faire ? On y met quoi, dans cette charte ? Sera-t-elle un assortiment de vœux pieux (!) ou un ensemble de mesures sévèrement coercitives ? En gros, s'agira-t-il d'une arme pour intimer le silence aux musulmans ou bien d'un simple cadre légal à l'intérieur duquel ils pourront continuer de geindre, récriminer, menacer ? Bref, l'idée me paraît foireuse, inadaptée, en tout cas bien tardive.

– Garantir l'embauche de journalistes de droite sur les radios et télévisions publiques : Là, on sombre dans le n'importe quoi. D'abord, il me paraîtrait préférable d'embaucher des journalistes dans ces radios et télévisions plutôt que sur. Mais surtout, il s'agit d'établir une parité supplémentaire, comme si la France n'était pas déjà assez encombrée de cette notion absurde ! Ce n'est pas tout : s'il est (encore) relativement facile de distinguer un homme d'une femme, comment fait-on pour distinguer à coup sûr le journaliste de droite de son confrère de gauche ? Il faudra présenter sa carte d'un parti ? Répondre à un questionnaire sous sérum de vérité ? Et, une fois embauché, on n'aura plus le droit de changer d'avis, de regard sur le monde et les choses, sous peine de parjure ? De toute façon, on aura beau se tortiller dans tous les sens, il restera ce fait indubitable : les trois quarts des journalistes français sont ou se disent de gauche. Il faudrait donc établir, là aussi, une discrimination positive à l'embauche, comme on a commencé à le faire à l'entrée des grandes écoles pour les jeunes-à-guillemets ? Ridicule.

– Instaurer le référendum national d'initiative populaire : Là, j'avoue que je ne sais pas trop. Après un examen rapide de la question, j'y vois à peu près autant d'inconvénients que d'avantages, sans parvenir à déterminer qui, des deux “paquets” l'emporte sur l'autre dans mon esprit.

– Supprimer le financement public des syndicats : Of course, my dear ! Et aussi celui de la presse, du cinéma, de la “culture” en général, des associations à but délétère, des quatre cinquièmes des agences supra-nationales, etc.

Il s'agit là d'un florilège, bien entendu, et je suppose que les droitards costauds ont d'autres propositions que celles-ci pour la France. Mais je ne vais pas non plus aller fouiller le net pour les dénicher : j'ai déjà gaspillé assez de temps comme ça sur ce sujet. Sans parler de celui que je viens de vous faire perdre.

jeudi 18 avril 2013

L'œil qui jouait au billard et l'autre qui comptait les points

Manifestation anti-mariage guignol : 1,4 million selon les organisateurs, 300 000 selon la préfecture, 553 d'après les blogueurs de gauche, pas de manifestation selon la télévision soviéto-française.

Climat étrange, et finalement assez plaisant, que celui qui règne actuellement en France. Si j'étais un “résident de l'étranger”, comme on cause désormais, je crois que j'aurais le plus grand mal à me faire une idée de ce qui se passe réellement dans mon pays. Je commencerais sans doute ma journée par aller traîner sur les blogs, et principalement du côté des progressistes, qui ont toujours eu ma coupable et honteuse préférence. J'y découvrirais une terre à feu et à sang, vivant dans la terreur (même Nicolas dit qu'il a vachement peur, c'est vous dire…) des hordes fascistes qui en quadrillent désormais les voies et les chemins ; je m'épouvanterais de ces braves militants à plume dans le fion sauvagement pendus aux réverbères par des suppôts du Grand Hitler (comme il y a un Grand Satan) aux crânes rasés ; je m'indignerais de ces ministres qui se font impitoyablement tabasser dès qu'ils franchissent le seuil de leurs palais nationaux ; je m'insurgerais contre ces harpies en tailleur qui lancent à pleine puissance leurs poussettes dans les tibias des compagnies républicaines de sécurité.

Pour confirmation de ma désespérance, je suppose que, le soir venu, je regarderais les journaux télévisés des grandes chaînes inféodées nationales. Et, là, quel soulagement, ma doué ! Rien ! Pas l'ombre d'un petit rassemblement de phobes, pas la plus petite revendication publiquement exprimée, aucune action délictueuse ni même simplement bruyante ; et les bataillons néo-nazis tout simplement évanouis dans l'air de ce printemps clair, la douceur de cet avril léger. Qui a raison, Suzon ? Qui a tort, Hector ?  Sommes-nous dans l'Allemagne des années trente ou au pays des Schtroumpfs ? Les salopes à chignon veulent-elles abattre la République ou prient-elle chaque soir pour le plein succès de notre courageux président ?

Impossible de se faire une idée claire. C'est un peu comme dans votre hypermarché ou le mien : on y trouve toujours ce que l'on est venu y chercher, à condition d'arpenter le bon rayon. La différence, dans le cas de la France, c'est qu'on sait bien qui tient le rôle de la tête de gondole.

mercredi 17 avril 2013

Mutant de ta mère, eh, bouffon !


Ça s'appelle Mutants ; c'est un film d'horreur. Un film d'horreur français, ce qui est mettre l'horreur au carré. Dedans il y a Hélène de Fougerolles, comme dans La Revanche des oliviers de l'amour, que vous avez suivi l'été dernier sur TF1. Ayant été embauchée pour une histoire de mutants, Hélène tente de se transformer en actrice ; mais comme elle le dit elle-même à son petit copain à la quarante-deuxième minute : « Je dois être immunisée. » C'est vraisemblable, en effet.

Dans le premier quart d'heure, Hélène, qui est médecin urgentiste, et son copain, qui conduit l'ambulance, tuent une femme militaire qui avait pourtant l'air gentil malgré sa mitraillette. Le réalisateur, qui est très malin, a confié le rôle à une négresse pour nous faire croire qu'on est dans un vrai film d'horreur hollywoodien (FHH) – mais ça ne marche qu'à moitié. 

Durant les trois premiers quarts d'heure, Hélène et l'autre gland sont tout seuls dans une grande bâtisse déserte. Dehors, il y a beaucoup de neige et on entend des grognements (c'est pour faire peur). Tout d'un coup, le gland se retrouve contaminé. Logiquement, il devrait devenir mutant cannibale en moins de deux, mais Hélène lui dit qu'elle l'aime et qu'ils vont s'en sortir, parce que les militaires de la base Noé les ont localisés. En attendant, le gland commence à s'arracher les cheveux par poignées ; après il s'extrait trois ou quatre dents rien qu'avec deux doigts ; après il pleure, parce qu'il comprend que c'est super mauvais signe, mutatis mutandis. Mais Hélène lui redit qu'ils vont s'en sortir, parce que, comme elle est immunisée, les scientifiques militaires de la base Noé vont trouver un antidote. (Il faudra quand même qu'ils fassent fissa parce que, cinq minutes plus tôt, Hélène a tranquillement annoncé au gland qu'elle lui donnait trois jours, “peut-être moins”.)

Ensuite, il y a un moment de flou parce que le spectateur a empoigné l'ordinateur de sa femme pour commencer ce billet, tant il se fait tartir. Quand il relève le nez, il découvre cinq ou six nouveaux arrivants dans la bâtisse, dont deux qui parlent comme des racailles du 9-3 alors qu'on est en pleine forêt de type vosgien. Hélène continue à appeler la base Noé et menace les militaires de leur passer son appel en boucle ; la menace agit, en tout cas sur moi.

Soudain, dans la remise où une des racailles emplit un jerrycan, il y a un mutant qui est là : grognements et bagarre, fin du mutant qui meurt (mais pas l'acteur, que l'on voit très nettement respirer). Il y a d'autres grognements hors champ, ce qui prouve que, malheureusement, le film n'est pas fini. Pendant que la racaille se bat avec un autre mutant cannibale, Hélène répète dans le micro : « Je suis enceinte, j'ai été mordue, je suis immunisée », ce qui est censé attirer les militaires de la base Noé. Le spectateur se demande s'il s'agit d'un message codé. Pendant ce temps, le gland semble avoir disparu.

Ah ! non, le revoilà, mais il est vraiment devenu mutant cannibale, visiblement (forcément : comme il n'est ni enceinte ni mordu, il n'est pas immunisé). Dans le même temps, Hélène se fait méchamment tabasser par le chef des racailles qui veut savoir où est l'essence. Là, le spectateur pige que, tout cannibale et mutant qu'il est devenu, le gland ne va pas aimer qu'on dérouille sa girlfriend et qu'il va sévir – et en effet. Bizarrement, alors qu'on l'a vu tout à l'heure s'arracher quatre ou cinq dents, il semble maintenant en avoir deux fois plus qu'un gland de modèle courant. Il fait également preuve d'une puissance vocale digne d'éloges. Il secoue des grilles en fer, il pète des cadenas, il remonte des couloirs : les racailles ne font pas les fiérotes, je vous prie de le croire. Quant à Hélène, on l'a un peu perdue de vue.

À la soixante-douzième minute, le gland se tortore la blonde qui était avec les racailles, avant de niquer sa race à celui qui retenait Hélène prisonnière. Puis il commence à bouffer l'avant-bras d'Hélène, mais elle s'en fout puisqu'elle est enceinte et immunisée. (Les militaires de la base Noé ne donnent toujours aucun signe de vie.)

Ah ! ben si, justement : pendant que j'écrivais la phrase précédente, la radio se met à graillonner : « Ici base Noé… évacuation prioritaire confirmée… je répète : ici ba… » J'ai l'impression que toutes les racailles ont calanché et qu'il ne reste que le gland qui poursuit Hélène qui essaie de lui échapper : ça peut durer un moment…

Finalement, Hélène parvient à sortir par une espèce de soupirail pour aller courir dans la neige. Hélas le gland la rattrape, c'est l'horreur…

Mais alors, là, miracle de l'amour : il tombe à genoux devant elle et lève ses bons yeux écarlates vers son visage d'ange (un peu maculé de sang et de glaires diverses, tout de même), en pleine extase. Puis son appétit reprend le dessus, mais Hélène l'envoie dinguer dans un gros rouleau de fil de fer barbelé : ça lui fait vachement mal. Hélène a l'air toute désolée, mais elle plante quand même un gros tuyau dans la trachée artère de son fiancé qui l'aime : le gland est mort, l'hélicoptère arrive, Hélène pleure (c'est les nerfs). Les militaires de la base Noé tuent tous les mutants cannibales qui viennent de surgir d'on ne sait où, puis ils posent leur hélico et embarquent Hélène (qui est, rappelons-le, enceinte, mordue et immunisée). Elle sourit, passe la main sur son ventre ; et on entend les battements de cœur de son fœtus.

Après, c'est fini.

Ah ! une dernière chose : le réalisateur s'appelle David Morley. Si d'aventure il sort un nouveau film, pensez à ne pas aller le voir.

mardi 16 avril 2013

On est prié de concentrer toute son attention sur l'animal…


Elle s'appelait Mitaine, pour une raison qui sera expliquée plus loin. Elle était née en janvier 1997, à Québec, Canada, chez Adeline (là, on peut aller rapidement jeter un coup d'œil à la jeune fille en question…) ; Catherine l'avait rapportée plus ou moins en fraude dans l'avion, peu désireuse qu'elle était de franchir un à un les obstacles douaniers. Pourquoi aller chercher une chatte aussi loin ? Parce que Mitaine était une chatte “à pouces” : c'est une particularité génétique qui, à ma connaissance, ne se rencontre que dans cette région du monde, et uniquement chez les femelles. Elles ont alors un véritable pouce, opposable à leurs autres “doigts” : lorsqu'il est suffisamment développé, certaines chattes apprennent à s'en servir pour saisir de menus objets, comme le ferait un singe – ou à la rigueur un homme.

Bref, en mars 1997, Mitaine a débarqué dans la maison que nous louions alors à Villeneuve-la-Garenne (photo du jardin d'icelle), dans une sorte d'enclave juive sépharade au mitan d'une ville déjà presque totalement arabe à cette époque – mais ce n'est pas le sujet, comme dirait l'autre gros. Comme on peut le voir sur cette même photo, nous avions déjà des chats à son arrivée ; celui que l'on aperçoit en fond s'appelait Monaco. Ce dernier avait eu une sœur nommée Imola, donnée par nous à nos amis Loiseau (donner un chat à des Loiseau : inversion sacrilège des valeurs, caractéristique du gauchiste idiot que j'étais encore plus ou moins alors). Une entente cordiale s'est rapidement instaurée entre les divers greffiers.

La vie de Mitaine s'est brusquement assombrie l'année suivante, lorsque, ayant déménagé en Basse-Normandie – Sainte-Scolasse-sur-Sarthe, près de Mortagne-au-Perche –, nous nous sommes mis en tête d'avoir un chien. Le jeune Balbec a eu plus d'une fois la truffe ensanglantée par les griffes de l'animal à pouces, ce qui ne l'a jamais découragé dans ses multiples tentatives de rapprochement interspécifique. De rapprochement il n'y eut finalement pas, mais à la place une coexistence plus ou moins pacifique, basée sur une sage et réciproque ignorance.

L'affaire s'est gâtée en 2001, lorsque, fraîchement arrivés en Haute-Normandie, à Houlbec-Cocherel, tout près d'ici, nous avons décidé d'offrir un compagnon canin à Balbec ; et ce fut Swann, né cette année-là en avril. C'en fut trop pour Mitaine qui, de ce jour, n'a plus jamais remis les pattes dans la maison. En juillet 2002, quand nous avons pris possession de la maison du Plessis, la chatte s'est réfugiée au sous-sol, entrant et sortant par un soupirail laissé ouvert pour elle à l'année longue. Elle devait y passer les onze années suivantes.

Onze années à peine. Cette petite marque à son cou, il y a quelques mois, Catherine a d'abord voulu croire qu'il s'agissait d'une simple blessure, et l'a traitée en conséquence. Lorsque la petite marque est devenue sanguinolente et grosse comme une pièce de vingt centimes, rendez-vous a été pris chez le vétérinaire. Le mot “tumeur” a commencé à tournoyer dans les cervelles…

Catherine est partie au rendez-vous à quatre heures, aujourd'hui. Elle en est revenue avec les yeux rouges et un panier vide. Mitaine avait seize ans et trois mois.

Quant à Adeline, elle va très bien. Après plusieurs années passées en Espagne, elle vient de repartir vivre à Québec, fermant ainsi la boucle.

Exercice en forme d'X

Quelle merveilleuse lettre que celle-ci, non ? En dehors du fait qu'elle désigne ce qui ne veut pas être nommé, qu'elle se montre pour mieux cacher qui a autre chose à faire…

Mais tout cela est secondaire, aujourd'hui. X est important (e) parce que que c'est la seule lettre de notre alphabet  dont on n'est jamais tout à fait assuré de sa prononciation exacte, tant elle est changeante : le X est une lettre frégolienne.

Le X peut être K (exciter = eksiter) ; de là, il se fait KS (connexion = conneksion) ; puis mute en double S (Auxerre = Ausserre) ; avant de redevenir simple S (six = sis)  on le rencontre en Z (deuxième = deuzième) ; d'où il part pour se transformer en GZ (exact = egza). Et nous ne dirons rien des cas les plus nombreu où on ne l'entend pas du tout ; où, désignant déjà l'absence, il se fait de surcroit muet.

dimanche 14 avril 2013

Les barbares en trois définitions


– Pour les anciens Grecs : tout le monde, sauf eux.

– Pour les anciens Romains : tout le monde, sauf les Grecs et eux.

– Pour Modernœud : personne, sauf lui.

Trois définitions pour une même vanité.


On notera par ailleurs que, saisi d'affolement au constat que certains pouvaient refuser énergiquement ses gentilles avancées progresseuses, Modernœud vient de dessiner la silhouette d'un nouveau type de barbare des temps post-démocratiques : le fasciste-à-poussette.

samedi 13 avril 2013

Les vertus du bon exemple

Le travail manuel a en outre ce précieux pouvoir de rajeunir ceux qui s'y adonnent.

Quand j'ai vu le voisin de gauche (géographiquement de gauche : je m'en voudrais de calomnier ce brave catholique pratiquant) sortir sa misérable petite tondeuse – assez semblable à la mienne – et s'attaquer à son verger d'au moins mille mètres carrés, à neuf heures moins dix du matin, alors que l'herbe dégoulinait d'eau, tel un ministre socialiste de sueur aigre au moment de s'atteler à sa déclaration de patrimoine, je me suis mis à le plaindre : le malheureux n'aurait pas fait deux aller-retour qu'il serait obligé de renoncer, machine engorgée de purée verte !

Il n'a pas renoncé, malgré trois ou quatre calages du moteur. En à peine plus de deux heures, il est même totalement venu à bout de sa tâche. Du coup, une sorte de vague honte a saisi le procrastineur diplômé que je suis ; et, après avoir consciencieusement ramassé les merdes de chiens qui ponctuaient le jardin, j'ai à mon tour sorti la tondeuse de son abri.

Et je n'ai même pas calé une seule fois.

vendredi 12 avril 2013

Parfois, le mariage pour tous rend con…


Con, mais sur le mode lyrico-pompier – ce qui est assez de circonstance. Voyez la belle envolée produite par l'ensemble cérébro-spinal d'un nouveau venu dans la blogoliste de Nicolas, à propos de la probable adoption (!) du mariage guignol par le Sénat :

Le monde nous regarde, le monde attendait de la France qu’elle mette sa loi en accord avec les valeurs que l’on trouve sur les frontons de nos bâtiments officiels et de nos écoles.

À propos de fronton, M. Hugo Baillet affiche fièrement à celui de son blog ce slogan : Oui pour l'égalité. Dans la France d'avant, la France moisie, la France sans plumes dans le cul ni oreilles de lapin sur les crânes rasés, on avait tendance à dire “oui à…”. Dans la France pré-cadavéreuse de M. Baillet, celle des léchouilles de l'arrière-scrotum, on préfère dire “oui pour…” : si ces gens-là pensent comme ils parlent, on comprend qu'on en soit arrivé où on en est.

jeudi 11 avril 2013

Liqueur de prune japonaise ou les charmes de la civilisation

À Chihiro.

Adrien nous est arrivé hier de Tokyo (via la Franche-Comté et le cloaque marseillais : comprenne qui peut) avec ceci : une bouteille de liqueur de prune, spécialité niponne. Comme notre soirée fut franco-française (Gewurztraminer, chablis, côtes de Nuits…), nous laissâmes en paix cette fille du Soleil levant.

En revanche, ce soir, j'ai proposé à Catherine d'y goûter ; ce qui, sous couvert d'ouverture-à-la-culture-de-l'Autre bien dans l'air du temps, était une excellente excuse pour se poivrer un peu les naseaux. Poivrage raisonnable : le breuvage est des plus doux en alcool (12° avons-nous cru déchiffrer sur l'étiquette). Le goût est surprenant, car, au premier contact avec les papilles, ce qui frappe est l'acidité ; or, nous ne sommes guère habitués, sous nos latitudes, aux alcools acides – déclenchant, à la première gorgée, exactement les même fourmillements dans les maxillaires qu'une giclée de citron vert.  Or, je viens d'apprendre que, du citron vert, précisément il y avait – en plus de la prune qui fournit l'excuse principale à l'alcoolisation douce du consommateur.

Il y a autre chose : la bouteille renfermant ce breuvage extrême-oriental est d'une élégance parfaite (beaucoup plus que la seule que j'ai pu trouver sur internet, je vous en demande excuse), ainsi que la boîte la contenant ; c'est évidemment à ce genre de détail que l'on repère une grande civilisation, une nation supérieure : capacité à produire de la beauté inutile, pour le simple plaisir de le faire, par déférence envers l'inconnu qui va sortir quelques yens de sa poche pour acquérir l'objet.

Les peuples qui boivent autre chose que du thé à la menthe et du lait de chèvre tourné, et sont en outre capables de vous présenter les choses avec une discrète élégance, ces peuples-là méritent respect et considération.

Mariage pour tous ? Chiche !


« On peut tortiller les choses comme on veut, mais tout ceci se résume à deux chose :

» Soit Trierweiler n’a pas de lien juridique avec Hollande et dans ce cas, elle doit payer pour ses frais et rembourser ceux qu’elle a déjà fait, le contribuable n’ayant pas a servir de tiroir caisse. L’alternative reste bien sûr une bonne condamnation des familles, aussi souhaitable qu’improbable et qui mettrait un peu de piment dans la vie du « couple » élyséen si morne à regarder au demeurant.

» Soit Trierweiler est bien la concubine de notre Président des Bisous, et la déclaration de patrimoine de François Hollande est un faux lamentable, ce qui annule son élection et offre un boulevard à un bordel indescriptible qui arriverait à point nommé pour une France complètement désemparée. »

Pour prendre connaissance du “tout ceci” évoqué par Messire Hashtable,  poussez la porte…

mercredi 10 avril 2013

Petites boîtes, très étroites… Everything's Allwright


Avant, on avait cela : c'était l'époque où les Livebox (ou bien doit-on écrire Liveboxes ?) de chez Orange se tenaient debout, à l'instar des hommes dans les époques anciennes. Sur la tranche supérieure, elles arboraient une série de petites lumières rouges…


… Désormais, on a ceci : nous sommes entrés dans l'ère de la Livebox couchée ; et ses petites lumières sont devenues vertes. On notera également que l'orange d'Orange a pâli. Je ne tire aucune conclusion définitive de ces changements de couleur, mais je ne peux m'empêcher de m'interroger à leur sujet. Et je subodore qu'un plus paranoïaque que moi serait bien capable d'y laisser quelques années d'espérance de vie ; mais je ne me laisserai pas glisser sur cette pente – ça, non.

mardi 9 avril 2013

Elle roupillent, nos sœurs de parité ?


Mais elles sont passées où, nos petites sœurs de parité ? Quelle aphonitude a brusquement frappé les Femen (and women) ? Les femmes à barbe réunies en collectif ? Les pourfendeuses de plafond de verre ? Les enfants de mari pré-émancipées ? Les indigné-e-s et les pas-content-e-s ? Le hasard leur apportait sur un plateau de balance égalitaire une magnifique occasion de célébrer l'une des leurs, en la personne de Margaret Thatcher, le plus brillant chef d'État européen du dernier quart du XXe siècle, eh bien, non, elle se taisent. Pas un hommage à ce génie politique ; le silence ; quand ce ne sont pas les petits crachats sur les chevilles – à hauteur de postillonneuses, donc.

Il est vrai que, à y regarder de plus près, la vie et le destin de Mme Thatcher ne furent peut-être pas de si bons exemples, pour nos gentilles égalitarées : dans la mesure où elle valait au moins 15 Sarkozy et 38 Hollande (sommes évaluées en “présidents constants”), elle établissait à elle seule la parité lors de n'importe quel sommet européen, ou dans ses gouvernements successifs, ou au Parlement britannique, etc., quand bien même il ne s'y serait trouvé que des hommes. La preuve : une fois sur deux, au moins, c'est elle qui gagnait à la fin du cinquième acte. 

Réaliser la parité parfaite dans nos différentes “ferme-célébrités” politiques ou sociétales ne semble pas une tâche si insurmontable. Encore faut-il que tous les petits personnages qui s'y agitent aient rigoureusement la même taille. C'est à peu près le cas aujourd'hui : Margaret a bien fait de s'en aller.

lundi 8 avril 2013

Il faisait des romans sur la vie du grand désert


Cela s'est produit samedi matin, entre neuf heures et demie et dix heures moins le quart. Je venais de mettre l'ordinateur sous tension, d'ouvrir ma boitamel et de lire les trois ou quatre messages qui s'y étaient venus égarer ; j'ai encore eu le temps de me prendre en pleine face le gros bouquet de fleurs que m'avait lancé Jacques Étienne ; je m'apprêtais à lui répondre…

Paf ! les petits lumignons écarlates de la Livebox se sont mis à clignoter aussi apoplectiquement que si on les avait chargés de traduire l'état de la France socialisée ; et le bouzin s'est arrêté.

C'est à la fois étrange et délicieux, toute une fin de semaine sans internet, sans lien aucun avec le monde extérieur et les petits bruits qu'il produit ; deux jours au milieu du grand désert où luit la liberté ravie ; quarante-huit heures de suspension dans l'air et le temps, mais bien protégé de l'air du temps. – Et, parfois, cela durait quelques secondes,  je jouissais en silence de tout ce qu'il m'était donné de ne pas lire.

vendredi 5 avril 2013

La mayonnaise de Woland ou le réactionnariat mis à mal


Si vous avez absolument besoin d'une mayonnaise et qu'une menstruation intempestive vous interdit de la monter vous-même, je ne puis que vous conseiller d'inviter l'Amiral Woland : il s'en acquittera fort proprement, pour peu que vous le ceigniez d'un tablier ridicule et que vous le fournissiez en chablis bien frappé.

On notera tout de même, avec une déception certaine, que ce garçon qui tente maladroitement de se faire passer pour un réactionnaire authentique, vous réclamera un batteur électrique, se refusant à fouetter sa mixture à la fourchette, ainsi qu'il se pratique pourtant en terres de France depuis le Pliocène supérieur, et peut-être même avant (les documents font défaut). En revanche, il mettra un point d'honneur à ne pas attenter à la vertu de votre bouteille d'eau de source, ce qui est déjà ça.

jeudi 4 avril 2013

Cahuzac et la part du singe


À Martin-Lothar.

Il n'entre pas dans mes intentions de parler de Jérôme Cahuzac. Si l'on m'y contraignait sous la menace – mais qui ? Et pourquoi ? –, je dirais sans doute que cet homme m'inspire plus de compassion et de pitié que de hargne ou de mépris. Peut-être ajouterais-je que la corruption et l'appât du gain, s'ils savent rester raisonnables (tout comme l'odeur de merde dans l'andouillette d'Édouard Herriot), me semblent plutôt des qualités souhaitables chez un homme politique élu, en ce qu'ils devraient l'incliner au compromis, à la souplesse idéologique, voire à la mansuétude devant les faiblesses humaines qu'il se sait partager. Après tout, c'est bien Robespierre qui fut surnommé L'Incorruptible ; et, que l'on sache, Lénine ni Hitler n'était spécialement avide des biens matériels de ce monde. Mais enfin, je ne tiens pas à parler de Jérôme Cahuzac : bien d'autres s'y emploient depuis avant-hier, et plus mal que je ne saurais le faire.

Puis, lisant Le Philosophe et le Loup, de Mark Rowlands, je suis arrivé à ce passage, p. 148, qui m'a semblé suffisamment résonner avec les circonstances présentes pour que je fasse l'effort de le transcrire ici. Voici donc :

« On aime à penser que les tricheurs ne prospèrent pas. Mais le singe en nous sait que ce n'est pas vrai : ce sont les arnaqueurs maladroits et inexpérimentés qui se font prendre et doivent en subir les conséquences. Ils sont mis à l'écart, exclus, méprisés. Cependant, si le singe en nous méprise leur maladresse, leur incompétence, leur gaucherie, il ne crache pas sur la triche elle-même : au contraire, il l'admire. Le contrat ne récompense pas la duperie en tant que telle, mais celle qui réussit parce qu'elle est astucieuse.
» Le contrat est théoriquement notre élément civilisateur, mais il engendre du même coup une pression constante dans le sens de la tricherie. Autrement dit, ce qui nous a civilisés a aussi fait de nous des tricheurs. À ceci près que le contrat ne peut fonctionner que si la tricherie reste l'exception plus que la règle. Si tout le monde réussissait toujours à tromper tout le monde, il n'y aurait plus aucune possibilité d'ordre ou de cohésion sociale. L'envie ardente de devenir des tricheurs toujours plus habiles s'accompagne du pouvoir de détecter de plus en plus finement la tricherie. La civilisation et l'intelligence humaine sont le produit d'une course à l'armement, et le mensonge y constitue l'arme élémentaire. Si vous êtes civilisé et que vous ne mentiez pas, c'est sans doute que vous n'êtes pas un bon menteur.
» Quel portrait cela brosse-t-il de nous ? Quelle sorte d'animal irait songer que son atout le plus précieux, la morale, repose sur un contrat ? Quelle drôle de bête s'imaginerait qu'on peut se représenter une société juste ou équitable en l'envisageant sur la base d'un hypothétique contrat accepté par tous ses membres ? La réponse est évidente pour un loup, mais apparemment pas pour un “singe” : un tricheur. »

Je précise que cet extrait fait partie d'une démonstration plus longue et que tout le livre de Rowlands, chaudement recommandé naguère par le dédicataire de ce billet, est passionnant – et pas seulement pour ceux qui s'intéressent au loup. Le chapitre dans lequel nous venons de donner un petit coup de sonde se termine ainsi :

« Pourquoi aimons-nous nos chiens – enfin, pour certains d'entre nous ? Pourquoi est-ce que j'aimais Brenin [le nom du loup qui a partagé la vie de l'auteur durant plus de dix ans.] ? Il me plaît de penser – et je dois encore recourir à une métaphore – que nos chiens mobilisent quelque chose, dans les plus profonds replis d'une partie de notre âme depuis longtemps oubliée. Là où réside un moi plus ancien, un aspect de nous-mêmes qui était déjà présent avant que nous ne devenions singes : le loup que nous avons été jadis. Ce loup comprend qu'on ne peut pas trouver le bonheur dans le calcul ; qu'aucune relation vraiment importante ne peut se fonder sur un contrat. La loyauté avant tout. Une loyauté que nous devons respecter, le ciel dût-il nous tomber sur la tête. Les calculs et les contrats arrivent toujours dans un deuxième temps, de la même façon que la part singe de notre âme succède à la part loup. »

mercredi 3 avril 2013

La cabane dans les bois (avec de petites Japonaises en garniture)


Le titre était tellement “programmatique” que j'aurais dû me méfier. La cabane dans les bois, pour un film d'horreur se déroulant dans une cabane située au milieu d'un bois, franchement… Ça sentait un peu trop sa réplique servile d'Evil dead ou d'autres glorieuses pellicules de même école, que j'ai déjà magistralement décortiquées ici même.

Exceptionnellement, il a fallu que Catherine, qui a ce genre de films en profonde détestation, reste regarder la première demi-heure en ma compagnie. Et je me suis mis à plastronner comme un mari benêt, en lui annonçant rigoureusement, et presque à la minute, tout ce qui allait se dérouler sous nos yeux. Que les jeunes héros allaient être cinq : le compte y était ; qu'il y aurait une fille blonde et une brune : c'était le cas, sauf que la brune était rousse ; que la blonde assez chaudasse mourrait la première : ça n'a pas manqué (mais Catherine était partie se coucher) ; qu'ils allaient se perdre et tomber sur une station service pourrie, tenue par un vieux très moche et pas bien propre sur lui : c'est arrivé ; que la cabane en rondin serait six à sept fois plus grande à l'intérieur que vue du dehors : le rapport était tel ; que les branquignols allaient trouver des trucs bizarres à la cave : ils ont mis la main dessus au bout d'un quart d'heure. Je n'en pouvais plus de prescience et de divination cinéphiliques.

Tout de même,  m'inquiétaient un peu les plans éparpillés çà et là durant cette première demi-heure, où l'on voyait des genres de scientifiques en blouses blanches, dans des laboratoires gigantesques,  dépourvus de fenêtre mais surabondant en tables de contrôle et autre écrans vidéos, par lesquels on ne perdait aucun des faits et gestes de nos sylvestres guignols. Ça commençait à sentir sa télé-réalité gore, et je m'en trouvais perturbé. D'autant que, soudain, le chef du labo a reçu un coup de fil du vieux moche de la station-service, comme s'ils se connaissaient depuis les scouts : là, vraiment, mes schémas préétablis sont partis en digue-digue.

Encore plus lorsque les scientifiques se sont tous mis à parier du pognon, sans que l'on sache trop sur quoi ; mais en se doutant que ç'avait à voir avec la manière dont nos jeunes sensibles allaient être prochainement trucidés. Ceux-là, de leur côté, avaient évidemment pendant ce temps trouvé l'accès à la cave (encore plus immense que la partie émergée de la cabane quand on est à l'intérieur). C'est là que je me suis mis à devenir soupçonneux.

Car non seulement la brune-qui-était-rousse a trouvé le classique journal intime de la fille qui avait été trucidée là en 1903, mais chacun des quatre autres a lui aussi mis la main sur un objet bizarre : c'était un peu trop. Je dis à Catherine : « Cette idiote ne devrait pas lire à haute voix les trois lignes en latin… » Naturellement, elle les lit. Plan de coupe, sous-bois, extérieur nuit : quatre ou cinq zombis sortent illico de sous le tapis de feuilles mortes. Nouveau plan de coupe, labo, intérieur jour : ceux des scientifiques qui ont voté zombis ramassent la mise, les autres tirent la gueule ; surtout le sous-chef qui espérait voir enfin débarquer les tritons. « Mais pourquoi les tritons ? l'interroge le stagiaire (le seul qui n'a pas de blouse : on n'a pas eu le temps de lui en trouver une). – Parce qu'il paraît qu'ils sont vraiment effrayants, répond le sous-chef. J'espère qu'ils sortiront l'année prochaine. » Là-dessus, ils retournent devant leurs écrans de contrôle pour mater ce qui se passe dans le bois.

Apparemment, ça ne marche pas comme ils voudraient : la blonde semble se faire un peu tirer l'oreille pour lier intimement connaissance avec le gourdin-qui-rend-folle du grand con sportif. « J'envoie les phéromones ! », décrète alors le chef du labo. Il appuie sur un gros bouton rouge, qui vire à l'orange. Aussitôt, on voit une petite fumée s'échapper de sous la mousse (décidément…), dans la clairière où le sportif essaie de tringler sa miss. Pour faire bonne mesure, le chef, en poussant une manette en plastique, leur envoie aussi un petit clair de lune à travers les branchages : c'est très beau. 

À peine la blonde est-elle passée dans la petite fumée qu'elle se transforme en affolée du berlingot ; et ils baisent. Pas longtemps : les zombis arrivent, blessent le sportif et zigouillent la blonde. Moins de cinq minutes plus tard, ils massacrent aussi l'ado perturbé qui fume joint sur joint depuis le début du film. Je me dis qu'à ce rythme, le réalisateur ne tiendra jamais une heure et demie avec ses cinq clampins ; je m'inquiète pour lui.

Néanmoins, cette fois, me voilà bien certain qu'il s'agit d'une sorte de télé-réalité pour happy few cruels et probablement très riches. Impression renforcée par les quelques plans qu'on nous montre, de scènes du même type et pareillement filmées, se déroulant au Japon (notre photo) ou encore, plus bizarrement à Stockholm. Bref, ils ont réussi un moment à m'enfumer avec leur cabane en rondins, à me faire croire à un classique, à du massacre ronronnant, tout le début n'était là qu'à titre de citation distanciée, de clin d'œil, mais cette fois j'ai pigé leur truc. Or, pas du tout.

Bon, à partir de maintenant, je résume sévère car j'en ai un peu marre de ce billet qui menace de n'en plus finir.

– Le sportif et l'intello compréhensif se font zigouiller très vite, la rousse reste toute seule ; elle plonge dans le lac qui se trouvait là mais est rattrapée sur le débarcadère par un zombi qui sait nager.

– Le drogué que l'on croyait mort surgit par derrière et lui sauve la vie.

– Au même moment, ça commence à paniquer dans le labo car il ne faut absolument pas (nous apprend le sous-chef) que le drogué s'en sorte : seule la rousse peut à la rigueur s'en tirer, parce qu'elle est vierge (le scénario s'obscurcit quelque peu).

– Non seulement le drogué est vivant, mais il entraîne la rousse par une trappe dissimulée sous la mousse (oui, je sais…). La fille est très surprise de déboucher dans un ascenseur ultra-moderne ; le spectateur comprend qu'ils sont désormais à l'intérieur même du labo, sous la cabane en rondins. En plus, le drogué a réussi à trouver la boîte aux plombs et il fait disjoncter un max de trucs. 

– Avec l'ascenseur, ils découvrent un gigantesque empilement de gros cubes en verre, il y en a des centaines, chacun contenant un monstre. Cela va des zombis qu'ils connaissent déjà au loup-garou, en passant par le dragon médiéval ou le couple de militants Front de gauche. Comme le chef du labo leur a envoyé une trentaine de soldats surarmés pour les tuer, le drogué appuie sur des boutons lumineux, ce qui ouvre tous les cubes de verre – et les monstres becquetent les soldats de bon appétit. Ensuite, ils s'attaquent aux blouses blanches. Le sous-chef, déjà bien amoché et couché par terre, voit alors s'approcher de lui, gueule béante, l'un des fameux tritons. Ils s'exclame : « O ! Come on ! », et il meurt.

– Il ne reste plus que le drogué et la rousse, dans une salle immense et pentagonale. On entend des bruits et des grognements. Le réalisateur, s'avisant qu'il ne lui reste que cinq minutes de bobine, fait entrer Sigourney Weaver par une porte dérobée. Elle explique rapidement que, sous la pièce où ils se trouvent, dans les profondeurs de la terre, sont retenus les Grands Anciens, qui ont régné sur la terre longtemps avant l'homme (le scénariste s'est souvenu d'avoir lu Lovecraft). Ils condescendent à se tenir peinards à condition qu'on leur offre un joli sacrifice une fois l'an, et ce depuis la nuit des temps ou pas loin. Donc, si la rousse – qui a soudain un pistolet en main, on se demande un peu pourquoi, mais en même temps par tant que ça car on commence à avoir envie d'aller se coucher –, si la rousse, disais-je, ne tue pas le drogué illico, les Grands Anciens vont sortir de terre et anéantir l'humanité. La rousse hésite, forcément. Elle soupire : « Ouais, de toute façon, hein, l'humanité… » C'est la minute philosophique.

– Finalement, elle préfère tuer Sigourney Weaver. Le drogué et elle s'asseyent ensuite sur une marche et regardent les blocs de pierre tomber autour d'eux en se prenant par la main. Au dernier plan du film, c'est le début de la fin du monde et de l'humanité : on voit sortir de terre, et exploser le toit de la cabane en rondins, une main prolongée par un avant-bras : le tout fait bien cinquante mètres de haut – écran noir, générique.

J'ai oublié de dire que la blonde du début se prénommait Jules, ce qui n'est pas le moins effrayant de l'histoire.